Donald Trump veut utiliser l'armée contre des cartels sud-américains
Les médias américains ont rapporté, vendredi 8 août, que Donald Trump avait demandé à l'armée de se préparer à cibler des cartels de drogue sud-américains, dont plusieurs ont été placés par Washington sur la liste des organisations terroristes.
Le président américain a ordonné au Pentagone de commencer à utiliser la force militaire contre les cartels désignés comme organisations terroristes, affirme le New York Times. Cet ordre établit, selon le quotidien new-yorkais, une base officielle pour mener des opérations militaires directes en mer et sur des territoires étrangers contre les cartels.
Le Wall Street Journal explique de son côté que le président a pour l'instant simplement demandé au ministère de la Défense de préparer des options pour ce faire. Le recours aux forces spéciales et à des unités de renseignement figure parmi les options envisagées, et toute action serait coordonnée avec les pays concernés, ajoute le WSJ.
Interrogé par l'AFP, le Pentagone a renvoyé les questions à la Maison Blanche.
Sans confirmer les informations de presse, une porte-parole de l'exécutif américain, Anna Kelly, a souligné dans un communiqué que la "priorité absolue (de Donald Trump) était de protéger le territoire national, et c'est pourquoi il a pris la mesure audacieuse de désigner plusieurs cartels et gangs comme organisations terroristes étrangères".
Dans un communiqué publié vendredi sur X, l'ambassade des États-Unis au Mexique a indiqué que Washington entendait "utiliser tous les moyens à sa disposition" pour combattre le trafic, sans toutefois évoquer explicitement une intervention armée dans ce pays et en soulignant sa volonté de "collaborer en partenaires souverains".

Le ministère mexicain des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué que le pays "n'accepterait pas la participation des forces militaires américaines sur [son] territoire".
Les États-Unis ont désigné en février le gang vénézuélien Tren de Aragua, le cartel mexicain de Sinaloa et six autres groupes de narcotrafiquants comme organisations terroristes. L'administration Trump a ajouté en juillet à cette liste le "Cartel de los Soles", qu'elle a décrit comme un gang vénézuélien dirigé par le président Nicolas Maduro pour soutenir le narcotrafic vers les États-Unis.
Washington a annoncé, jeudi, avoir doublé à 50 millions de dollars la prime pour l'arrestation de Nicolas Maduro, inculpé par la justice américaine de trafic de drogues et dont la réélection n'a pas été reconnue par Washington.
"Une question de sécurité nationale"
En mars, dans son discours devant le Congrès, Donald Trump avait promis de faire la "guerre" aux cartels mexicains de la drogue, parlant d'une "grave menace" pour la "sécurité nationale" des États-Unis.
Son secrétaire d'État, Marco Rubio, a expliqué jeudi dans une interview à la chaîne de télévision catholique EWTN que la désignation des cartels comme organisations terroristes permettait "de cibler leurs opérations et d'utiliser d'autres éléments du pouvoir américain, les agences de renseignement, le ministre de la Défense, peu importe, pour viser ces groupes". "Nous devons commencer à les traiter comme des organisations terroristes armées, et non simplement comme des trafiquants de drogue", a ajouté Marco Rubio. "Ce n'est plus une question de maintien de l'ordre. Cela devient une question de sécurité nationale."
En réponse aux informations parues dans la presse, la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a assuré, vendredi, qu'il n'y aurait "pas d'invasion du Mexique" par des militaires américains. "Les États-Unis ne vont pas venir au Mexique avec leurs militaires ; nous coopérons, collaborons, mais il n'y aura pas d'invasion, cela est écarté, absolument écarté, et de plus, nous l'avons exprimé dans tous les appels : ce n'est pas permis, ni prévu par aucun accord", a-t-elle martelé.
Claudia Sheinbaum a multiplié les efforts pour montrer à Donald Trump que son pays luttait efficacement contre les cartels, qu'il accuse de saturer les États-Unis de drogues, en particulier de fentanyl, un puissant opioïde.
Avec AFP