Gouvernement Bayrou, soutien à Mayotte, accord UE-Mercosur... Le "8h30 franceinfo" d'Arnaud Rousseau
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, principal syndicat agricole, était l’invité du "8h30 franceinfo", vendredi 27 décembre. Les attentes vis-à-vis du nouveau gouvernement, du matériel envoyé à Mayotte, l'opposition à l'accord UE-Mercosur... Il répondait aux questions d'Aurélie Herbemont et Benjamin Fontaine.
Prêts de trésorerie : François Bayrou doit "respecter la parole de l'État"
"Il nous semble essentiel" de rencontrer François Bayrou "avant sa déclaration de politique générale", souligne le président de la FNSEA. "Nous avons besoin de réponses concrètes aux demandes que nous formulons depuis près d'un an". "Il est important qu'il reprenne dans le squelette, la trame de son action, la question agricole", estime Arnaud Rousseau. "J'avais compris qu'il y avait été sensibilisé. Maintenant, on a non seulement besoin de le voir matérialisé, mais on a aussi besoin d'échéances, c'est ça qui urge".
La FNSEA attend du Premier ministre des réponses sur trois sujets centraux : "la dignité du métier et le sens qu'on souhaite lui donner avec la souveraineté alimentaire" d'abord, "le revenu des agriculteurs" ensuite, et "la simplification administrative et tout le sujet des contrôles". "On a eu des engagements" de la part du précédent gouvernement, ajoute le président de la FNSEA. "Ce qu'on attend de François Bayrou, c'est qu'il puisse dire très rapidement s'il les reprend à son compte et dans quels délais il apporte les réponses".
Arnaud Rousseau appelle également le Premier ministre à "respecter la parole de l'État" sur "les prêts de trésorerie" parce que "derrière, ce sont des hommes et des femmes qui, dans leur ferme, attendent avec des paquets de factures sur le coin du bureau", et à accélérer sur "l'indemnisation de la fièvre catarrhale", dont "les tout premiers acomptes commencent à peine à arriver".
Les cultures de Mayotte détruites par le cyclone Chido
"Quasi 100 % de la production locale est ravagée", a fait savoir Arnaud Rousseau. Après le passage du cyclone Chido sur l'archipel de Mayotte, "il n'y a plus un arbre debout, tout est à l'arrêt". "Tout ce qui était produit sur place, le petit élevage, la banane, le manioc, la mangue" est détruit, a précisé Arnaud Rousseau dont le syndicat avait annoncé l'envoi de matériel en urgence, notamment "de tronçonneuses". "Leur première demande c'était de nous dire : on a besoin de tronçonneuses parce que c'est un tel enchevêtrement, c'est un tel chaos qu'il faut qu'on commence par nettoyer et débarrasser", a-t-il souligné.
Ce matériel "est arrivé depuis trois jours". "La goutte d'eau qu'on a pu apporter pour essayer de rétablir une situation plus favorable, nous sommes fiers de l'avoir fait, mais il reste encore beaucoup à faire", a-t-il ajouté. Arnaud Rousseau a également déclaré que son syndicat "envisageait" l'envoi d'autres matériels sur place. "Le premier vice-président de la FNSEA Jerôme Despey se rendra à Mayotte dans les premier jours de janvier pour aller constater de visu et voir très concrètement ce qu'on peut faire pour le plus vite possible remettre en production", notamment "pour le petit élevage et pour le maraîchage", a-t-il expliqué.
Continuer à "lutter contre" l'accord UE-Mercosur
"Nous continuons à mettre toute notre énergie pour lutter contre cet accord" de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, a souligné le président de la FNSEA. "Aujourd'hui, on importe un poulet sur deux, 40% de nos légumes (…) On peut continuer comme ça, et un jour on découvrira qu'on a perdu toute capacité de production en Europe et qu'on dépend des autres pour se nourrir, et ce sera une catastrophe", a-t-il mis en garde.