« Ernest Cole, photographe » de Raoul Peck : « La démocratie se défend tous les jours »

Raoul Peck n’a rien perdu de sa verve. Le cinéaste haïtien n’est pas là pour faire de la figuration, mais pour ouvrir les portes, raconter sa propre histoire à travers des personnages emblématiques de luttes pour l’émancipation. Dans Ernest Cole, photographe, récompensé par l’Œil d’or du dernier Festival de Cannes couronnant le meilleur documentaire, il revient sur la vie de ce Sud-Africain qui fut dans les années 1960 le premier à photographier l’apartheid au quotidien.

Si son livre, House of Bondage, publié la première fois en 1967 (réédité par Delpire & Co en 2022), est considéré comme l’un des plus importants témoignages photographiques du XXe siècle, l’artiste n’en a pas tiré l’usufruit. Il a, au contraire, été confronté à la douleur d’un exil contraint aux États-Unis et à la ségrégation raciale persistante dans le Sud. C’est ce personnage que raconte Raoul Peck à la première personne dans un film passionnant où les clichés d’Ernest Cole semblent s’animer sous nos yeux.

Patrice Lumumba, James Baldwin et maintenant Ernest Cole… dans quelle mesure votre travail documentaire s’inscrit-il dans la mise en avant de l’histoire des luttes émancipatrices ?

Je n’ai jamais voulu faire du cinéma pour les paillettes. J’y suis venu dans un cadre politique, l’élément déclencheur de tous mes projets. Ce documentaire est une manière de parler d’Ernest Cole, cet homme disparu dont l’œuvre renaît. Il me permet aussi de parler de ce qu’il se passe aujourd’hui en France, aux États-Unis ou en Afrique du Sud, où les inégalités sont malheureusement encore énormes.

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