Ligue des champions : avant le choc contre Lille, la drôle de saison du Borussia Dortmund

Une saison étrange. C’est comme cela que l’on pourrait actuellement définir l’exercice 2024-2025 du Borussia Dortmund. Qualifié pour les 8e de finale de la Ligue des champions après avoir sorti le Sporting Portugal (3-0 sur l’ensemble des deux matchs) en barrages, le club rhénan reçoit ce mardi soir (21h, Canal+) le LOSC en 8e de finale aller de la Ligue des champions. Finaliste de la dernière édition de la C1, Dortmund tient pour le moment son rang en Europe mais est englué en milieu de tableau dans son championnat national. Une situation qui dure depuis le début de la saison.

Un changement de coach mal négocié et un début de saison difficile

Au début de l’exercice 2024-2025, le club jaune et noir avait pourtant de quoi être optimiste car il sortait d’une bonne saison. Malgré une élimination prématurée en Coupe d’Allemagne, l’équipe d’Edin Terzic finit la saison à la 5e place de la Bundesliga, qui lui permet de se qualifier pour la prochaine C1, mais atteint surtout la finale de la Ligue des champions. Après avoir terminé premier d’un groupe relevé, les coéquipiers de Mats Hummels éliminent successivement le PSV Eindhoven, l’Atletico Madrid et le Paris Saint-Germain avant d’échouer logiquement en finale à Wembley face au Real Madrid (2-0). Malgré cela, Edin Terzic décide de quitter le club quelques jours après la fin de la saison.

C’est Nuri Sahin, qui a joué au club pendant de longues années, qui est nommé à sa place. Un choix que les dirigeants du club ont sans doute regretté : «Nous savions que Hans-Joachim Watzke (le directeur général du club jusqu’à la fin de la saison 2023-2024 avant son remplacement par Lars Ricken) le voulait. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé après le match contre Stuttgart (défaite 5-1 le 22 septembre)» a confié au Figaro Polo Breitner, consultant pour le football allemand sur RMC. À la fin de l’année 2024, le club est éliminé de la Coupe d’Allemagne, stagne en milieu de tableau de la phase de championnat de la C1 et ne pointe qu’à la 10e place au classement de la Bundesliga. Une série de quatre défaites de suite toutes compétitions confondues pendant le mois de janvier poussera finalement Sahin vers la sortie.

Après un court intérim assuré par Mike Tullberg, Niko Kovac est nommé le 2 février pour un contrat d’un an et demi. Depuis son arrivée, Dortmund n’a gagné que deux des cinq matchs qu’il a disputés. Le club a battu le Sporting Portugal, 3-0, à Lisbonne en play-off aller de Ligue des champions et a écrasé l’Union Berlin (6-0) en championnat grâce à un quadruplé de Serhou Guirassy, meilleur buteur de Ligue des champions. Une victoire flatteuse pour une équipe qui peine à convaincre ses supporters depuis l’arrivée de son nouveau coach : «Le problème de Dortmund, c’est qu’ils ne savent pas où ils vont. L’année dernière, beaucoup pensaient que les problèmes étaient dus au fait que certains anciens comme Hummels (parti depuis à l’AS Roma) ne prenaient pas le leadership. Cette année, Marcel Sabitzer ne prend pas le leadership, Julian Brandt n’est pas assez régulier et Niklas Süle, qui n’a pas une bonne hygiène de vie, non plus», pense Breitner.

Âgé de 53 ans, Kovac, ancien milieu défensif, a déjà entraîné l’équipe nationale de Croatie, l’Eintracht Francfort, le Bayern Munich, l’AS Monaco et le VFL Wolfsburg. Il compte dans son palmarès une Coupe d’Allemagne avec Francfort et un titre de champion d’Allemagne avec le Bayern. Il dispose donc d’une solide expérience de la Bundesliga mais sa manière de jouer ne correspond sans doute pas à l’identité de son nouveau club : «Il a un style de jeu défensif et athlétique. Est-ce que c’est l’ADN de Dortmund ? Je ne le pense pas. Mais il n’est pas au club pour une période de long terme » ajoute Breitner.

Une expérience qui peut faire la différence

Pour la double confrontation face au LOSC, le duel s’annonce donc équilibré : «C’est du 50-50 même s’il y a plus de talent du côté du club allemand. Lille est une équipe compacte. Il n’y a pas vraiment de leçon à tirer de la victoire de Dortmund contre l’Union Berlin (6-0 le 22 février) car l’équipe adverse baisse les bras à partir de 3-0. Lille est une équipe stabilisée contrairement à Dortmund. Nous ne sommes pas sûrs d’avoir deux matchs flamboyants. Sur ce genre de matchs, ça se joue souvent sur des petites erreurs » estime Polo Breitner. En cas d’élimination, le BVB pourrait se concentrer sur le championnat alors qu’il n’y a que six points entre le 4e, Mayence, et le 10e Dortmund : «De la 4e à la 11e place, ça peut jouer l’Europe. C’est la densité de la Bundesliga. Il faudrait qu’ils aillent en Europe mais c’est leur problème depuis la fin de l’ère Klopp (en 2015) : on ne sait pas si le club peut faire finale de la Ligue des champions ou ne pas se qualifier en Coupe d’Europe. Mais ils sont tout de même dans le top 10 dans le classement du coefficient UEFA», poursuit le consultant de RMC.

Parmi les points qui peuvent lui permettre d’aborder son 8e de finale avec confiance, le club rhénan a, contrairement à son adversaire, une expérience et une régularité rare en Coupe d’Europe en général et en Ligue des champions en particulier. C’est en effet la sixième fois sur les sept dernières éditions de la C1 que le club allemand est présent en 8e de finale. Depuis la saison 2012-2013 inclus, le club n’a même raté que lors d’une seule saison sa qualification en 8e de finale d’une Coupe d’Europe. De son côté, Lille s’apprête à disputer son quatrième huitième de finale européen sur ses quinze dernières saisons. Ce duel face au Losc sera une nouvelle occasion pour le club allemand de défier un club français. C’est en effet la huitième fois (!) depuis quinze ans que le club jaune et noir va défier un club de Ligue 1. C’est en revanche seulement la deuxième fois que Dortmund va affronter les Dogues en Coupe d’Europe. Leur seul et unique affrontement européen remonte à l’édition 2001-2002 de la Coupe de l’UEFA.

Reversés du fait de leur troisième place en phase de groupes de Ligue des champions, les deux clubs avaient passé l’obstacle des 16e de finale avant de s’affronter en 8e de finale. Après un match nul 1-1 au stade Grimonprez-Jooris, le Borussia avait tenu le match nul 0-0 en Allemagne et s’était qualifié grâce à la règle du but à l’extérieur. Entraîné par l’ancien Ballon d’Or Matthias Sammer, le club, qui comptait à l’époque dans ses rangs le Brésilien Amoroso ou les Tchèques Jan Koller et Tomas Rosicky, avait réussi à se frayer un chemin jusqu’en finale où il s’était incliné face aux Néerlandais du Feyenoord Rotterdam sur le score de 3-2. Inutile de dire que les hommes de Niko Kovac aimeraient rééditer le même type de fin de saison 23 ans plus tard...