Fashion Week : Rabanne tout en or, Chloé tout en tendresse et Acne Studios tout en réseaux sociaux

Parfois, la mode, c'est simple comme une robe à fleurs en été. Un maillot de bain avec des méduses en plastique (certes accessoirisé d'un énorme sac en cuir qu'on n'emporterait pas sur la plage). Une nuisette un peu large en soie lavée bordée de dentelle à enfiler négligemment après une journée sur le sable, un tee-shirt à imprimé vintage rentré dans un pantalon taille haute parfaitement évasé. 

Nous sommes chez Chloé, ce jeudi matin, au Tennis Club de Paris transformé en lieu de villégiature seventies avec dalles en (faux) marbre et plantes luxuriantes. Au premier rang, Pat Cleveland et Ines de la Fressange, mannequins des glorieuses eighties, papotent sans doute du bon vieux temps. Tout comme Jessica Miller et Natalia Vodianova, leurs consœurs des années 2000 (autre âge d'or de la griffe parisienne). Juliette Lewis dans son look de l'hiver (actuellement en boutique) pose en rock star devant les photographes. Sienna Miller et Diane Kruger plaisantent avec Anna Wintour, sans jamais réussir à la dérider. 

Ces femmes de tous horizons regardent avec tendresse et un peu d'envie ces 64 filles belles comme le jour, cheveux au vent, aux allures néohippies. Cette garde-robe estivale aux couleurs délavées par le soleil se veut facile mais avec un souffle romantique, hyper Chloé et toujours accessible : bombers bordés de guipures anciennes, vestes de ménestrel à manches gigot, blousons à large carrure plissé très 1980, caracos en dentelle… « Je me suis inspirée d'une collection de Karl (Lagerfeld) pour Chloé de l'été 1977, avec beaucoup de motifs floraux peints à la main, de pivoines, de roses, que nous avons presque réutilisés tels quels, explique Chemena Kamali, la directrice artistique, assaillie par les journalistes en backstage - ce qui est souvent un signe de réussite. Nous entretenons une connexion naturelle et spontanée avec nos clientes. Dans nos boutiques, chaque femme peut trouver quelque chose qui lui plaît, un vêtement dans lequel elle ne sent pas déguisée. Dans la vie, il y a des moments où une femme s'habille différemment parce qu'elle se sent plus vulnérable ou, à l'inverse, plus sereine. Parfois, elle ne veut même pas penser à ce qu'elle porte. Avec cette collection, j'ai voulu explorer cette féminité diverse. » Et c'est réussi. Alors que la jolie Allemande (si parisienne dans son tee-shirt blanc et son jean seventies) sort saluer, les applaudissements sont nourris. 

L’été 2025 de Chloé Photo: Carlo Scarpato / Gorunway.com


Quelques minutes avant le show Rabanne, une adolescente au deuxième rang dit à la dame qui l'accompagne : « J'espère qu'il va y avoir Gigi. Tu crois qu'il va y avoir Gigi ? Elle fait la pub, Gigi, alors ils ont intérêt à la faire défiler. » La musique commence, une jeune femme s'avance en bermuda de denim délavé et chemise parka tout en popeline et coton à rayures différentes dans les tons de bleu et de parme, les mains dans les poches, le teint glowy, le sourire aux lèvres… C'est Gigi. Ouf. Beaucoup plus casual que dans la réclame pour le parfum One Million, et ça lui va tellement bien. Pour l'été prochain, le directeur artistique, Julien Dossena, parvient particulièrement bien à mixer les pièces « faciles » (beaucoup détournées du dressing masculin) avec des pulls en maille à torsades enduite couleur menthe et des déshabillés en « papier » et guipure. Un top d'organza brodé aux motifs années 1920 se porte avec un bermuda de skate constellé de clous. Poursuivant l'esprit innovateur du fondateur, Dossena réinterprète la robe emblématique de Françoise Hardy (à l'origine en métal) en céramique (créée avec Astier de Villatte), et réinvente avec la complicité d'Arthus Bertrand le sac 1969 en or - « le sac le plus cher du monde », souffle la jeune fille visiblement bien renseignée. Son verdict ? « C'était une super collection. » On ne saurait mieux dire. 

Le sac 1969 tout en or de Rabanne en collaboration avec Arthus Bertrand. Rabanne

«Depuis deux saisons qu'Acne Studios refait des vêtements, ça se vend», raconte un acheteur de grand magasin au défilé de la marque suédoise. On appelle ça le bon sens paysan. Ajoutez à cela des prix bien plus accessibles que la plupart des collections du marché et une batterie d'influenceuses qui portent haut les couleurs de la griffe... L'été 2025 est donc particulièrement étoffé en pièces dans l'air du temps: veste en cuir matelassé vert bouteille, jean «barrel» (en forme de baril, dit ainsi ça manque de sex-appeal, et pourtant...), tee-shirt rigide imprimé fleurs, trench droit en cuir (noir ou corail) à ceinture basse, petit tricot jaune soleil feutré, troué et déchiré à l'ourlet, top et jupe au crochet bleu glacier, robe bustier matelassé en tissu écossais... Évidemment, on y lit l'influence de Miu Miu (la marque qui vend le plus en ce moment), de Loewe et de même de Balenciaga époque Nicolas Ghesquière, mais avec une ironie qui rappelle un peu le temps où Moschino parodiait les tailleurs Chanel.

Le défilé de l’été 2025 d’Acne Studios Acne Studios