Harry Potter, Nintendo... Le nouveau parc d’attractions d’Universal vient attaquer Disney sur ses propres terres
Plonger dans les entrailles du ministère de la Magie de Harry Potter, voler avec des dragons sur l’île de Beurk, entrer dans les jeux vidéos Mario Bros de Nintendo, frissonner dans le manoir de Frankenstein... Avec son nouveau parc d’attractions, «le plus avancé technologiquement» et basé sur des franchises à succès, Universal vient narguer Mickey sur ses propres terres à Orlando, en Floride. Universal Epic Universe, troisième parc à thème du groupe dans la région, ouvre officiellement au public ce jeudi 22 mai et espère bien grignoter des parts de marché de Disney qui y règne en maître.
Car c’est bien Disney qui a transformé les marais d’Orlando en capitale mondiale des parcs d’attractions, en y installant son Magic Kingdom en 1971. Le site est depuis devenu un méga complexe touristique avec quatre parcs à thème, deux parcs aquatiques, un centre commercial, trois monorails et plus d’une vingtaine d’hôtels thématisés. En 2023, les quatre parcs ont accueilli 48,8 millions de visiteurs, selon le Theme Index de l’AECOM, rapport de référence du secteur.
9,5 millions de visiteurs supplémentaires attendus
Universal Studios Florida n’est arrivé qu’en 1990, complété par Islands of Adventure en 1999 et le parc aquatique Volcano Bay en 2017. Pas de quoi ébranler Disney, jusqu’à l’arrivée de la franchise ultrapopulaire Harry Potter qui a permis à la fréquentation des parcs de s’envoler. En 2010, quand Poudlard et Pré-au-Lard ont été ajoutés à Islands of Adventure, le nombre de visiteurs a bondi de 30%. En 2014, quand le Chemin de Traverse a ouvert dans le parc voisin, sa fréquentation a progressé de 17%. «Et ce n’est jamais revenu en arrière», vante Brian Roberts, PDG de Comcast, la maison mère de NBC-Universal. Même si avec 19,8 millions de visiteurs en 2023, on reste bien loin du voisin Mickey.
Mais Epic Universe pourrait changer la donne. Universal a misé sur un parc très immersif, avec différentes zones thématiques articulées autour d’un jardin central avec ses fontaines démesurées, accessibles par des portails qui symbolisent l’entrée des visiteurs dans un autre monde. Le groupe y a placé ses franchises les plus populaires : Harry Potter, Nintendo, Dragons et ressuscité des méchants de films old school tels que Frankenstein ou les loups-garous.
Les retours des avant-premières organisées depuis quelques semaines sont encourageants, saluant un parc très réussi dont certaines attractions pourraient se placer parmi les meilleures au monde. Comcast aurait investi pas moins de 7 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) dans ce nouveau site, qui pourrait attirer 9,5 millions de visiteurs en 2026, sa première année complète d’exploitation, estime l’analyste Craig Moffett de chez MoffettNathanson’s. Le parc «pourrait siphonner une partie de la demande» à Orlando et coûter un million de visiteurs à Walt Disney World sur les deux prochaines années, anticipe-t-il.
Prix exorbitants
L’investissement colossal d’Universal arrive surtout à une période compliquée pour son concurrent, qui a ralenti ses investissements depuis la pandémie de Covid-19. Malgré quelques nouveautés, ses parcs n’ont pas connu d’extension depuis 2019 avec l’ajout d’une zone Star Wars. Le groupe a pourtant toujours assuré être confiant quant à l’arrivée d’Epic Universe, estimant que plutôt que de grignoter ses résultats, ce nouveau parc allait au contraire attirer plus de visiteurs en Floride. «Je peux vous garantir que les nouveaux touristes qui viennent sur le marché passeront par le Magic Kingdom», a assuré Josh D’Amaro, président de Disney Experiences, lors d’une conférence des analystes de MoffettNathanson’s mi-mai, rapporte Business Insider.
Une confiance qui pourrait être freinée par les prix exorbitants pratiqués par l’industrie des parcs de loisirs aux Etats-Unis, qui surfe sur une demande soutenue depuis la pandémie. Un séjour de quatre jours pour une famille de quatre personnes à Walt Disney World, comprenant entrées aux parcs et nuits à l’hôtel, coûte au moins 3000 dollars (2700 euros), indiquait l’entreprise en février au Wall Street Journal . Les prix pratiqués par Universal étant similaires, les visiteurs qui se rendent à Orlando sont de plus en plus souvent forcés de faire des arbitrages, faute de pouvoir se payer tous les parcs à chaque voyage. Mais des analystes et voyagistes spécialisés estiment au contraire que la demande est suffisante pour absorber un parc supplémentaire dans la région, rapporte Business Insider.
Disney ne compte de toute façon pas se laisser faire. L’entreprise veut investir 17 milliards de dollars en Floride dans les 20 prochaines années. Le groupe prévoit ainsi à moyen terme des nouveautés dans quasiment tous ses parcs, basées sur les franchises telles que Monstres et Cie, Encanto, Indiana Jones ou Cars. Si Walt Disney World pourrait souffrir quelques années de l’arrivée d’Epic Universe, «sur le long terme, cela fait d’Orlando une destination encore plus attractive», estime Doug Creutz, analyse chez TD Cowen, rejoignant l’optimisme du géant. «C’est probablement bon pour Disney.»