P. Diddy bientôt libéré ? Le rappeur fixé sur sa peine ce vendredi

La retentissante affaire du rappeur P. Diddy touche à sa fin. Le puissant producteur, dont les frasques sexuelles ont agité la presse pendant des mois, va être fixé sur sa peine ce vendredi 3 octobre. Sean Combs, de son vrai nom, avait échappé à une lourde condamnation à l’issue de son procès le 2 juillet dernier. Après deux mois d’audiences surmédiatisées, il avait été acquitté des charges les plus graves retenues contre lui : «trafic sexuel» et «association de malfaiteurs». Il avait néanmoins été reconnu coupable de «transport à des fins de prostitution» envers deux ex-petites amies (la chanteuse Cassie et une femme qui a utilisé le pseudonyme «Jane»). Ce crime implique le déplacement d’une personne d’un État à un autre selon le droit américain.

Malgré l’issue inattendue de ce procès, le rappeur de 55 ans, encourt tout de même jusqu’à 20 ans de prison : 10 ans pour chaque condamnation de «transport à des fins de prostitution». Sachant que les peines se cumulent aux États-Unis. Le 22 septembre, ses avocats ont réclamé une peine légère de 14 mois de prison, suivie d’une liberté conditionnelle, accompagnée d’obligations de soins. Dans ce cas, le rappeur retrouverait rapidement sa liberté puisqu’il est incarcéré dans le centre de détention de Brooklyn depuis septembre 2024 - soit depuis 12 mois. Les avocats ont justifié leur proposition par des «conditions épouvantables» d’incarcération.

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De son côté, le procureur fédéral Jay Clayton a réclamé mardi une peine supérieure à 11 ans de prison, avançant que «ses crimes sont graves et ont conduit, dans plusieurs affaires similaires, à des peines supérieures à dix ans» d’incarcération. «Une peine de prison importante est également nécessaire dans cette affaire car le prévenu ne manifeste aucun repentir», a-t-il écrit dans un long texte de 166 pages. Sean Combs, qui plaidait non coupable, «tente de présenter des décennies d’abus comme simplement la conséquence de relations mutuellement toxiques. Mais rien n’est “mutuel” dans une relation où une personne détient tout le pouvoir», a ajouté encore Jay Clayton.

Trafic sexuel

P. Diddy était poursuivi pour avoir forcé des femmes - notamment sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et sa dernière compagne en date «Jane» - à se livrer aux «Freak offs», des marathons sexuels avec des hommes prostitués, auxquels il participait ou se contentait de se masturber ou filmer. D’après l’acte d’accusation, le fondateur du puissant label Bad Boy Records aurait «soumis ses victimes à des violences physiques, psychologiques et verbales» pour les forcer à participer à des soirées sexuelles sous l’empire de la drogue. Pour ce faire, le producteur de 55 ans se serait servi de son empire musical, à travers «ses employés, ses ressources et son influence (...)», «créant ainsi une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés (…) à la traite à des fins sexuelles, au travail forcé, aux enlèvements, à la corruption et à l’entrave à la justice».

Le verdict a néanmoins prouvé que le jury n’a pas été convaincu qu’il s’était servi de son empire musical en vue de commettre des crimes. Durant le procès, les 12 jurés ont entendu une trentaine de témoins, épluché des milliers de pages de retranscription de conversations téléphoniques ou d’échanges de SMS ainsi que des documents financiers afin de se prononcer sur le sort de P. Diddy. Les avocats de la défense ont cherché à discréditer la parole des victimes présumées, avançant qu’elles étaient consentantes. «Il ne s’agissait absolument pas de choix libres», a rétorqué dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées «étaient droguées, badigeonnées d’huile (pour bébé, NDLR) , épuisées et avaient mal».

«Représailles rapides»

Après sa condamnation, le juge Subramanian avait toutefois refusé la demande de remise en liberté conditionnelle formulée par l’accusé qui proposait un montant d’un million de dollars. «Au cours du procès, la défense a reconnu que le défendeur a fait preuve de violence dans ses relations personnelles (...) ce qui témoigne d’un mépris de la loi», avait estimé le juge.

L’ex-compagne de P. Diddy, Cassie, s’est déjà dite inquiète par la possibilité que le juge ne réclame qu’une peine légère, offrant une remise en liberté prochaine à P. Diddy. Dans une lettre envoyée au magistrat, dont le contenu a été révélé par le média américain People, la chanteuse de 39 ans explique craindre pour sa sécurité. Elle affirme qu’en cas de libération, elle et les autres personnes ayant dénoncé les abus du rappeur pourraient être confrontées à de «représailles rapides».

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La désormais mère de famille a donc demandé au juge de prendre en compte «les nombreuses vies que Sean Combs a bouleversées par ses abus et son contrôle». Et notamment la sienne. «Il a utilisé la violence, les menaces, les substances et le contrôle sur ma carrière pour me piéger dans plus d’une décennie d’abus», a-t-elle rappelé dans sa lettre. Cassie Ventura a précisé que «les horreurs» qu’elle avait endurées l’avaient poussée à envisager le suicide.