Guerre en Ukraine : pour les soldats ukrainiens au front, la paix reste inconcevable, même après le sommet de Washington

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Le rendez-vous est fixé dans un sous-bois de la région de Donetsk (Ukraine). Face à nous, des artilleurs ukrainiens. Leur mission est de ralentir la progression des soldats russes dans le Donbass. Les visages sont fatigués. Ces dernières semaines, Moscou a multiplié les attaques dans leur direction. "Depuis la reprise des négociations, les Russes sont plus actifs. On nous parle de cessez-le-feu, mais ici c'est plutôt l'inverse", témoigne un soldat, le visage masqué.

Aucun répit. Une cible a été repérée. Les soldats n'ont que quelques secondes pour enlever les branchages qui camouflent leur canon. Il faut ensuite charger l’arme plus vite. Ici, tous se sont engagés dès le début de la guerre. Voilà trois ans qu'ils se battent pour défendre le Donbass. Alors, pour eux, pas question d'abandonner ce territoire à la Russie.

"Si on abandonne, dans cinq ou six ans, ils nous attaqueront à nouveau"

"Si on abandonne, dans cinq ou six ans, ils nous attaqueront à nouveau", assure Manul, commandant d'unité d'artillerie, 25ème brigade. Un autre abonde : "C'est douloureux, surtout quand tu essaies de défendre ces territoires, quand tu as beaucoup d'amis qui ont vécu ici et qui ont perdu leur maison. Et ça voudrait dire que tous mes frères d'armes sont morts au combat pour rien".

Dans le Donbass, très peu de soldats ont suivi la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, lundi. Leur priorité est ailleurs, car sur le terrain, la guerre ne s'arrête jamais. Dans un centre de commandement, tenu secret, il faut donc scruter sans relâche le moindre mouvement des troupes russes. Deux hommes viennent justement d'être repérés par un drone.

Un sentiment commun

"Là, ils sont deux, puis ils seront quatre, et à la fin, ils seront dix. Et là, ils deviennent dangereux", nous avertit Oleksander, le commandant du centre du commandement du 1er bataillon, 25ème brigade. Comme leurs camarades au front, ils ne croient pas que Vladimir Poutine ait réellement envie de mettre un terme à la guerre.

Pour eux, les demandes de Moscou sont synonymes de sacrifices. "C'est notre terre. Que dire de plus ? Comment pourrait-on être d'accord pour l'abandonner ? Qui serait d'accord pour abandonner sa maison juste parce que son voisin la réclame ?", pointe le commandant. Les discussions diplomatiques suscitent peu d'espoir chez ces soldats qui ont tous la même conviction. Ils en sont sûrs, la guerre va durer encore longtemps.