Olivier Marleix, député et ancien patron des LR à l’Assemblée s’est suicidé
Fait rare pour un élu de droite, il avait reçu en 2020 le « prix éthique » de l’association Anticor pour ses travaux en tant que président de la commission d’enquête parlementaire sur Alstom. Le député LR Olivier Marleix était même allé jusqu’à saisir le parquet de Paris, en 2019, afin que la justice enquête sur les circonstances de la vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, à une époque, en 2014, où Emmanuel Macron était ministre de l’Économie. Hostile à la désindustrialisation et la perte de souveraineté française dans les secteurs clés, Olivier Marleix s’est suicidé ce lundi 7 juillet. Une information confirmée par le ministère de l’Intérieur au journal l’Humanité.
Personnalité discrète et travailleuse, député d’Eure-et-Loir depuis 2012 et président du groupe LR de l’Assemblée nationale de 2022 à 2024, Olivier Marleix s’était imposé comme une figure centrale du Palais Bourbon. Fils de l’ancien secrétaire d’État Alain Marleix, puis président du comité des jeunes soutiens à Balladur en 1995, il était ensuite devenu maire d’Anet et conseiller ministériel, avant de devenir proche de Michel Barnier.
Une figure respectée de la droite
Figure respectée de l’hémicycle, capable de dialoguer avec l’ensemble des sensibilités, féru d’histoire de la Révolution française, Olivier Marleix suivait ces derniers temps les évolutions politiques de son camp, fustigeant l’immigration et appelant à réformer le droit du sol. Mais il se distinguait, à droite, par une hostilité non feinte vis-à-vis de la Macronie, et s’imposait en pourfendeur du pantouflage des élus et des fonctionnaires entre missions publiques et services auprès de groupes privés.
Lors de la réforme avortée des retraites de 2019, il s’était illustré en saisissant la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) sur le rôle joué par Black Rock dans la conception de la réforme. Il s’opposait à ce sujet avec vigueur à ce que les pensions des Français soient confiées à des gestionnaires d’actifs étrangers. Il avait par ailleurs signé en 2021 le livre Les liquidateurs : Ce que le macronisme inflige à la France et comment en sortir, publié chez Robert Laffont, 2021.
De nombreux hommages sont venus saluer sa mémoire. Et pas seulement à droite. « Je me souviendrai toujours de son engagement en faveur de l’industrie et du nucléaire, deux sujets qui me sont très chers et que je pouvais partager avec lui. (…) Sa disparition brutale provoquera aussi beaucoup de tristesse parmi ceux qui ont conservé une fibre sociale et gaulliste dans notre pays », a fait savoir Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. « Cordial, attaché à la souveraineté industrielle du pays, il incarnait une survivance du gaullisme. Au nom des députés PCF et du groupe GDR, j’adresse mes condoléances à sa famille et ses proches », a déclaré Stéphane Peu, président du groupe GDR.
« Stupeur. J’ai eu l’honneur de pratiquer Monsieur Olivier Marleix, c’était un adversaire honorable et respecté. Son attachement à la souveraineté de la France permettait un dialogue sincère », a également souligné l’insoumis Jean-Luc Mélenchon. « C’est un choc. Il était le digne représentant d’une droite vraiment républicaine avec qui on savait encore partager des valeurs communes ne serait-ce que sur les questions de souveraineté. On pouvait être en désaccord en échangeant avec lui de manière tolérante et humaine. Il va considérablement manquer à l’Assemblée », abonde Éric Coquerel, président FI de la commission des Finances. « Il était un adversaire politique déterminé et sérieux. Il partageait avec les insoumis le combat pour la souveraineté industrielle contre la toute-puissance de la finance », partage également Clémence Guetté, vice-présidente de l’Assemblée.
Laurent Wauquiez, à qui Olivier Marleix avait laissé son poste de président de groupe à l’Assemblée en 2024, a salué un « homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public ». « Olivier était un député qui a consacré toute son énergie à défendre la souveraineté industrielle et énergétique de notre pays », ajoute Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. Une minute de silence a été organisée ce lundi dans l’hémicycle. Un hommage lui sera rendu demain à 15 heures par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, et par le premier ministre François Bayrou.
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