Société Générale : le sentiment de "trahison" explique "le fort taux de suivi" de la grève pour défendre le télétravail, d'après la CFDT

"Il y a une incompréhension totale de la part des salariés", affirme vendredi 27 juin sur franceinfo Johanna Delestré, déléguée syndicale nationale à la CFDT Société Générale, alors que les salariés de la banque sont en grève pour le maintien du quota de jours de télétravail. La direction souhaite, dans la plupart des cas, passer de deux à un jour par semaine.

Cette journée de mobilisation fait suite à l'appel des syndicats mardi. Ils dénonçaient alors "la brutalité" de l'annonce de réduction du temps de télétravail, faite la semaine dernière par un mail signé du directeur général Slawomir Krupa, "et les difficultés qu'une telle décision pourrait générer pour beaucoup" de salariés.

Le télétravail, une pratique "complétement instituée"

Selon Johanna Delestré, la mobilisation est suivie. "Des remontées qu'on a, on a des forts taux de suivi". Pour elle, c'est la preuve qu'on a "touché un sujet sensible". L'accord concernant le télétravail est "en vigueur depuis plus de quatre ans", il est "à durée indéterminée", c'est une "chose complètement instituée". La volonté de la direction de baisser le nombre de jours en télétravail a donc été "ressentie comme une trahison", notamment parce que "ça a été présenté par l'employeur comme un levier de recrutement, comme un levier pour prendre des mutations éloignées". Ce "retour en arrière" va donc "changer le quotidien de beaucoup de salariés".

Autre point de crispation, explique Johanna Delestré, le fait qu'"il n'y a pas d'étude qui a été fournie pour démontrer qu'il y a une problématique de productivité" quand les employés sont en télétravail. La déléguée syndicale reconnaît toutefois que des améliorations sont encore à apporter concernant les managers. Selon elle, "il faut encore les former" pour qu'ils apprennent à "faire confiance et à déléguer à distance".

Pas assez de bureaux pour que tout le monde revienne

Johanna Delestré souligne par ailleurs le fait que "les bâtiments ne sont plus adaptés" actuellement pour recevoir tous les salariés. "On a un flex office, il n'y a pas un bureau pour un salarié dans les bâtiments d'Ile-de-France aujourd'hui". "Si tout le monde revient en poste, poursuit-elle, les conditions de travail vont être intenables et là il y aura une baisse de productivité".

Pour le démontrer, la déléguée syndicale rappelle qu'une opération "Tous sur site" aura lieu le 3 juillet prochain. Le but étant de montrer "qu'avec les économies immobilières qu'ils ont faites et le taux d'open space qu'on a aujourd'hui, si tout le monde revient sur site ce n'est pas possible, tout le monde n'aura pas un poste de travail".