Mondial de hand 2025 : Thibaud Briet-Aymeric Minne, le duo nantais prend du galon avec les Bleus

L’un fait 2,05 m et est un peu déjanté. L’autre mesure 1,87 m et est bien plus réservé. Pourtant, Thibaud Briet et Aymeric Minne entretiennent une forte complicité en dehors et sur le terrain, aussi bien dans leur club de Nantes qu’en équipe de France, où leur rôle est de plus en plus prépondérant. Comme tous leurs coéquipiers, ils sont attendus contre la Croatie en demi-finales du Mondial, jeudi 30 janvier (à 21 heures). 

Sélectionnés lors de l’Euro 2022 pour leur première grande compétition internationale avec les Bleus, Thibaud Briet et Aymeric Minne n’avaient plus connu, depuis, la joie de disputer un tournoi officiel ensemble avec l’équipe de France. La faute à des blessures, parfois, ou à des choix du sélectionneur Guillaume Gille, qui ne les avaient pas retenus après la préparation pour l’Euro 2024. Et lors des JO à Paris, Thibaud Briet, qui avait l'inconvénient de jouer au même poste que Nikola Karabatic, était de nouveau resté chez lui, pendant qu’Aymeric Minne avait le statut de remplaçant.

"L’Euro, je l’ai beaucoup moins bien digéré, je m’y attendais peut-être moins, avançait avec franchise Thibaud Briet en amont du Mondial. Je l’ai mal vécu et je n’ai regardé qu’un ou deux matchs. Donc les JO, je m’étais préparé à ne pas être pris. Maintenant je fais table rase, j’arrive pour un nouveau cycle, j’ai envie de prouver à tout le monde que je suis bon et que je mérite d’être là." Pour Aymeric Minne, "l’Euro était une grande frustration. C’était une vraie source de motivation pour retourner au boulot, et avec Thibaud, on a essayé de se tirer vers le haut. Donc aujourd’hui, je suis content d’être là avec lui".

Dans la continuité de leur très bonne saison avec Nantes (en tête du championnat), les deux hommes sont des éléments clés de l’équipe de France depuis le début du Mondial. Sans mauvais jeu de mot, Thibaud Briet a brillé dès l’entrée de la compétition, en étant le meilleur marqueur des Bleus lors du tour préliminaire, et Aymeric Minne apporte à chacune de ses entrées, notamment contre l’Egypte en quarts de finale avec un joli 5/5 au tir. "On avait besoin de sa vitesse, de son punch. C’est réjouissant de le voir prendre de plus en plus ses marques, être en responsabilité et à l’aise. Il a un impact très intéressant quand il entre", se réjouit Guillaume Gille au sujet de son demi-centre de 27 ans.

Thibaud Briet, le joueur "nature-peinture"

Thibaut Briet a peut-être un peu plus de déchets au tir sur ces derniers matchs. Mais il apprend aussi à gérer le rythme d’une compétition internationale, avec des matchs tous les deux jours, et un temps de jeu important puisque le deuxième arrière gauche, Elohim Prandi, sort d'une blessure à l'épaule et monte doucement en puissance. "Il sort de saisons très convaincantes avec Nantes, où son volume de jeu est de plus en plus élargi, riche, défensivement ou en attaque. Il a une palette de plus en plus stable donc je suis hyperheureux de le voir s’éclater avec nous, résume Guillaume Gille. Il a une tranquillité dans l’approche des matchs qui est sa marque de fabrique, toujours en train de chanter, de crier. Mais il est aussi capable de faire la part des choses dès que le match commence pour devenir un grand compétiteur". 

Toujours tout sourire après un but, Thibaud Briet, 25 ans, est décrit comme un "bon vivant" par ses coéquipiers. "Il est nature-peinture", sourit Mathieu Grébille. "Il sait se fondre dans un collectif, c’est facile pour lui, c’est ce qu’il dégage. En équipe de France il déconne un peu moins qu’à Nantes, mais il commence à se lâcher, souligne Nicolas Tournat, qui le côtoie aussi en club. Et sur le terrain il est mobile, il a une bonne vision du jeu, des bonnes trajectoires de balles. Franchement il est très complet".

Si son apport est apprécié en attaque, il l’est au moins tout autant en défense. "Il a une belle motricité, de l’envergure, il prend beaucoup de place. Il est bon au contre, dans les interceptions, c’est vraiment un atout majeur pour nous", assure Karl Konan, le défenseur en chef des Bleus. Pour l’instant, Guillaume Gille préfère placer le Nantais aux côtés de l’expérimenté Nedim Remili au poste de demi-centre, tandis qu’Aymeric Minne a davantage de temps de jeu avec Elohim Prandi au poste d’arrière gauche.

Aymeric Minne pour "mettre la folie dans les défenses adverses"

Du haut de son mètre quatre-vingt-sept, qui en fait le plus petit joueur de champ de l’équipe de France sur ce Mondial, Aymeric Minne propose un registre complètement différent de celui de Nedim Remili. "Je n’ai jamais été le plus grand joueur de la base arrière dans les équipes où je suis passé, donc je compense avec mon dynamisme", explique-t-il. "Au duel, il passe presque à chaque fois. Son style de jeu ce n’est pas de shooter à 12 mètres en puissance, mais de mettre la folie dans les défenses adverses", souligne Julien Bos, lui aussi néo-Bleu et Nantais.

Moins "foufou" en dehors du terrain, Aymeric Minne impressionne ses coéquipiers avec une préparation très méticuleuse des matchs : "C’est vrai que je les prépare avec de plus en plus de minutie, confirme-t-il. Je prépare les premières actions que je vais jouer sur attaque placée, comme ça, je n’ai pas à y réfléchir sur le terrain. Plus je prépare mon match, plus je serai serein et moins j’aurai de charge mentale, surtout avec une pression comme on va avoir contre la Croatie". Face à l’ambiance assourdissante attendue, le demi-centre serait aussi bien inspiré de réviser les signes pour annoncer les combinaisons à ses coéquipiers, au risque de ne pas réussir à se faire entendre face aux 15 000 fans croates.