Près d’un Français sur deux restreint ses achats de produits d’hygiènes, selon l’Ifop

Choisir entre l’achat de denrées alimentaires ou de produits d’hygiène ? D’après une étude réalisée par l’Ifop, et dévoilée par l’association Dons solitaires ce lundi 7 avril, 17% des Français ont déjà été concernés par cette situation. Menée pour l’association Dons Solidaires qui publie son baromètre «Hygiène & Précarité en France» pour la cinquième année, cette enquête dresse le constat d’une vulnérabilité économique qui s’installe au sein des foyers français. Et pour cause : au cours des 12 derniers mois, plus d’un quart des Français ont rencontré des «difficultés chroniques à faire face à leurs dépenses», rapporte l’enquête.

Selon l’Ifop, 47% des Français déclarent être incités à réduire leur consommation de produits d’hygiène. En tête de classement, les produits de maquillage et de coloration pour cheveux sont les plus délaissés : respectivement 33% et 27% de la population féminine ont déjà fait une croix sur ces rayons des grandes surfaces - lieu d’achat plébiscité par 85% des répondants. Les brosses à dents, gel douche ou dentifrice, sont eux priorisés lors de l’achat : 8% des Français ont déjà renoncé à l’acquisition de l’un de ces articles.

Fabriquer des couches «bricolées» pour se «débrouiller»

Renoncer, mais aussi réguler : parmi les 4003 répondants, un grand nombre d’entre eux affirment contrôler leurs achats. C’est ainsi le cas de 22% des Français concernant l’usage de papier toilettes, quand 24% limitent le changement de leur brosse à dents. Lorsqu’il s’agit de la propreté du linge et des vêtements, les résultats grossissent : 32% des Français mettent leurs vêtements plus longtemps «pour consommer moins de lessive», tandis que 21% prennent le parti de ne pas utiliser de dose de produit lors des lessives, révèle l’étude commandée par l’association Dons Solidaires.

Parmi les plus touchés par cette vulnérabilité économique, les jeunes entre 18 et 34 ans (35%), les familles monoparentales (51%) et les catégories pauvres ou modestes (55%) et les parents de jeunes enfants, dont le manque d’argent a déjà contraint 23% d’entre eux à renoncer à l’achat de produits lavants, lingettes et couches. Onéreuses, ces dernières obligent les couples à «se débrouiller», en utilisant des protections «bricolées» comme de l’essuie-tout ou du tissu (22%). Mais, au-delà de la vulnérabilité économique, c’est l’activité sociale des jeunes parents qui est touchée : 28% d’entre eux limitent en effet le nombre de sorties, pour éviter les «fuites extérieures».

Un frein professionnel

Ce phénomène d’isolement est général, au sein des ménages les plus modestes : 23% des Français ne socialisent pas avec leur famille ou leurs amis par manque de produits d’hygiène, ce nombre grimpant jusqu’à 31% lorsqu’il est question d’une simple sortie. Ce sentiment de malaise et d’inquiétude touche également plus de 50% des femmes, dépourvues de protections hygiéniques suffisantes : «une Française réglée sur dix a déjà renoncé à sortir de chez elle ou manquer le travail», révèle l’enquête menée par l’Ifop.

Les carrières professionnelles des Français sont également freinées par l’absence de produits hygiéniques : quand la précarité hygiénique ternit le bien-être au travail pour 28% des répondants, elle pousse 15% d’entre eux à ne pas aller travailler, et 14% à ne pas se rendre à un entretien d’embauche.

Face aux résultats de son baromètre de l’année 2025, la Déléguée Générale de l’association Dons Solidaires tire la sonnette d’alarme : «8 millions de personnes en France doivent choisir entre se nourrir et se laver. Nous devons nous mobiliser pour leur venir en aide»a déclaré Dominique Besançon. L’année passée, 1,3 million de personnes ont bénéficié de l’aide procurée par l’association.