Incendies près de Los Angeles : qu’est-ce que les vents de «Santa Ana» ?
Les flammes ravagent à nouveau la Californie, aux États-Unis. En fin de matinée, mardi 7 janvier, un spectaculaire incendie s’est déclaré à Pacific Palisades, quartier cossu dans les montagnes au nord-ouest de Los Angeles, forçant des milliers de personnes à fuir leur habitation. 1200 hectares de végétation sont d’ores et déjà partis en fumée. Le soir, un autre incendie s’est déclenché près de Pasadena, au nord de la Cité des Anges et a ravagé plus de 400 hectares.
Ces feux sont attisés par les vents de Santa Ana. Des rafales de 160 km/h sont attendues ce mercredi, ont mis en garde les services météorologiques américains (NWS). De quoi propager les flammes très rapidement et créer un «danger mortel». «On s’attend à ce que ce soit le plus fort épisode de vent dans cette région depuis 2011», a averti Daniel Swain, spécialiste des événements extrêmes à l’université de Californie (UCLA), à l’AFP.
Un vent violent, sec et chaud
Caractéristiques de l’hiver californien, les «Santa Ana winds» sont fréquents dans le sud de cet État pendant les mois les plus froids de l’année, d’octobre à mars. «Nommé d’après le canyon de Santa Ana, dans le sud de la Californie, et élément incontournable des légendes et de la littérature locales, ce vent qui vient du désert est violent, sec et chaud - souvent brûlant», explique le département des Sciences atmosphériques et océaniques de l’UCLA.
Contrairement à ce que pourraient penser les néophytes, les vents de Santa Ana ne sont pas chauds en raison de leur origine désertique. «[Ils] se forment lorsque le désert est relativement froid. Une haute pression se forme au-dessus du Grand Bassin (le Nevada et une partie de l’Utah) et l’air froid qui s’y trouve commence à descendre», explique UCLA. «Cependant, cet air est refoulé vers le bas, ce qui le comprime et le réchauffe à un rythme d’environ 10 °C par kilomètre de descente. À mesure que sa température augmente, l’humidité relative baisse. L’air s’assèche à mesure qu’elle atteint le niveau de la mer et prend de la vitesse lorsqu’elle est canalisée à travers des cols et des canyons.»
Perturber les opérations de secours
Les vents de Santa Ana sont à ce titre très dangereux et peuvent causer de nombreux dégâts. «Les vents rapides et chauds assèchent la végétation, augmentant ainsi le risque d’incendie de forêt. Une fois que les incendies se déclarent, les vents attisent les flammes et accélèrent leur propagation», poursuit le département d’étude. Toujours selon l’UCLA, «les épisodes de Santa Ana ont tendance à ne durer que quelques jours, même si des événements très prolongés se produisent occasionnellement».
De même, ces vents peuvent, en raison de leur dangerosité, perturber les opérations de secours en immobilisant les avions et les secours. «Même si l’avion peut voler, les vents puissants affectent les largages de retardateur et d’eau» et donc leur capacité à atteindre directement l’incendie, a déclaré au New York Times Jesse Torres, chef de bataillon du Département des forêts et de la protection contre les incendies de Californie. Les Santa Ana winds peuvent également «renverser des arbres, ce qui met les personnes en danger et peut gêner les véhicules d’urgence et les évacuations des zones en danger», a-t-il ajouté. Plus de 250 pompiers sont actuellement mobilisés en Californie.
Ces vents, parfois surnommés «vents du diable» ou «vents rouges» sont entrés dans la mythologie américaine. Dans sa nouvelle Red Wind , Raymond Chandler en parlait ainsi : «Il y avait un vent du désert qui soufflait cette nuit-là. C’était l’un de ces vents chauds et secs de Santa Ana qui descendent par les cols de montagne et vous font friser les cheveux, vous font sursauter et vous démangent la peau.» La romancière Joan Didion et l’écrivain Michael Connelly y font également référence dans leurs œuvres.