«Vous êtes la génération Notre-Dame» : Emmanuel Macron décore les artisans de la reconstruction
Près de 600 personnes étaient attendues mardi 15 avril à l’Élysée pour une cérémonie collective de remise de Légion d’Honneur et d’Ordre du Mérite à «ceux de Notre-Dame». À 16h30, on vit arriver des groupes de compagnons, d’architectes et de salariés, accompagnés de leur famille ou d’amis – chacun ayant eu le droit de venir avec cinq invités. La Grande Cour d’honneur, d’habitude vide et bordée de voitures officielles, fut bientôt envahie de grutiers, de décorateurs, de charpentiers, d’ingénieurs, de tailleurs de pierre, de peintres ou d’échafaudeurs. À leurs côtés, des conjoints ayant parfois vécu ce chantier par procuration pendant cinq ans, et des enfants sur leur 31 qui prenaient des selfies.
Six ans jour pour jour après l’incendie, et quatre mois après la réouverture de la cathédrale, quelque chose de joyeux et de peu protocolaire émanait de la foule rassemblée devant le perron, en attente du président de la République. Alors que le monde ne tourne pas forcément rond, Notre-Dame de Paris a été, et est toujours, une bulle positive. Elle le fut et l’est encore pour ceux qui y ont travaillé. Elle l’est, de toutes évidences, pour le président de la république qui s’est rendu sur le chantier à 6 reprises et y a vu la marque d’une France constructive et pleine d’avenir.
« Au-delà de l’événement prestigieux, nous sommes une famille heureuse de se retrouver », expliquait depuis la cour Loïc Desmonts, dirigeant des ateliers de charpentes du même nom. Tous, à l’instar du jeune Chaïbi Abdelkader, chef de poste à l’accueil du chantier, disaient l’«immense honneur », la « fierté d’être récompensé » et surtout, le bonheur d’être là.
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«Gratitude de la Nation»
En plus de cinq ans, près de 2000 personnes auront participé à la restauration de la cathédrale et la «promotion Notre-Dame» n’en concerne que 100 d’entre elles. La liste, savamment pesée, a veillé à un équilibre entre les différents corps de métiers, à une diversité géographique, et à ne pas oublier les femmes, moins nombreuses dans les métiers du patrimoine et du bâtiment. « Nous aurions aimé que toute notre entreprise soit récompensée, mais cela n’a pas été possible. Nous recevons cet honneur au nom de tous les salariés des ateliers Perrault », indiquait Jean-Baptiste Bonhoure, directeur général des ateliers (restauration de patrimoine), avant de pénétrer dans le palais.
À 18h30, Emmanuel Macron fit son entrée dans la grande salle des fêtes. En un quart d’heure, il dira « la gratitude de la Nation » à l’égard de ces 100-là, mais aussi à l’égard d’une kyrielle de métiers et de savoirs faire qu’il a pris soin d’égrainer. « Vous avez rendu l’impossible possible, impulsé un élan de fierté française, montré ce que peut faire une grande Nation, capable d’embrasser des rêves » a poursuivi Emmanuel Macron, avant de terminer son allocution par : « à jamais, vous serez la génération Notre-Dame ».
Plusieurs membres du gouvernement, dont le premier ministre tout juste sorti de l’Assemblée nationale ou Rachida Dati, mais aussi des personnalités comme le général Lecointre, grand chancelier de la Légion d’honneur ou Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, étaient sur place, afin de prêter main-forte au président pour cette rafale de remises de décorations (33 Légion d’honneur, et 67 Ordre national du Mérite). En une heure et demie de temps, et sous les applaudissements, l’affaire a été rondement menée. Le champagne a ensuite coulé à flots, donnant du rose aux joues des récipiendaires. «Cette soirée est un bouquet final» jugea Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame.