Gaza : le Hamas confirme la libération samedi de trois otages israéliens

Israël a annoncé vendredi 14 février avoir reçu les identités de trois otages devant être libérés samedi de la bande de Gaza, suivant le calendrier prévu par l'accord de cessez-le-feu, après plusieurs jours d'incertitude et des échanges de menaces avec le Hamas.

Le mouvement islamiste palestinien a confirmé que trois otages allaient être libérés, dont l'un est aux mains de son allié du Jihad islamique, lors du sixième échange contre des prisonniers palestiniens depuis que les armes se sont tues le 19 janvier.

Les trois otages devant être libérés samedi de Gaza, Sagui Dekel-Chen, Israélo-américain, Sacha Trupanov, Israélo-russe et Yair Horn, Israélo-argentin
Les trois otages devant être libérés samedi de Gaza, Sagui Dekel-Chen, Israélo-américain, Sacha Trupanov, Israélo-russe et Yair Horn, Israélo-argentin © - / AFP

Il s'agit de trois hommes, l'Israélo-Russe Sacha Trupanov, l'Israélo-Américain Sagui Dekel-Chen et l'Israélo-Argentin Yair Horn, selon le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

De son côté, Israël va relâcher samedi 369 Palestiniens, a indiqué le Club des prisonniers palestiniens.

"Dans la peur constante"

L'un des ex-otages, Keith Siegel, un Israélo-américain de 65 ans, a raconté les "conditions inimaginables" dans lesquelles il a été détenu pendant 484 jours, avant sa libération le 1er février. "Je suis un survivant (...) chaque jour me semblait être le dernier", a-t-il raconté dans un message vidéo.

"Je vivais dans la peur constante (...) J'étais affamé et j'étais torturé, à la fois physiquement et émotionnellement. Quand la guerre s'est intensifiée, les terroristes qui me retenaient m'ont traité encore plus mal que d'habitude", a ajouté cet homme à la voix posée. "Les terroristes m'ont donné des coups de pied, m'ont craché dessus et m'ont retenu sans eau, sans lumière et sans air à respirer."

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Après une médiation menée par l'Egypte et le Qatar, le Hamas s'était dit prêt jeudi à respecter le calendrier prévu par l'accord de trêve, après avoir menacé lundi de bloquer les libérations d'otages en accusant Israël de violations du cessez-le-feu, notamment d'entraver l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

La trêve, entrée en vigueur après 15 mois de guerre et pour une durée initiale de 42 jours, a déjà permis la libération de 16 otages israéliens contre 765 prisonniers palestiniens.

Mais lors du cinquième échange, le 8 février, le Hamas avait remis au CICR trois otages très affaiblis physiquement, lors d'une mise en scène qui avait provoqué la colère en Israël.

Le CICR, qui prône une neutralité absolue, avait alors demandé au Hamas de veiller à ce que les échanges à venir se déroulent dans un cadre plus privé et plus digne. Il s'est dit vendredi "très inquiet des conditions de vie des otages". "Les dernières opérations de libération renforcent la nécessité urgente pour le CICR d'avoir accès aux personnes retenues en otages", a-t-il déclaré sur X.

La suite incertaine du cessez-le-feu

Jusqu'ici, 16 des 33 otages qui doivent être libérés pendant la première phase de l'accord de cessez-le-feu ont pu rentrer en Israël, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.

"Nous nous attendons à ce que la deuxième phase des négociations sur le cessez-le-feu commence en début de semaine prochaine, et les médiateurs poursuivent les discussions à ce sujet", a déclaré vendredi un responsable du Hamas, Taher al-Nounou. Une autre source proche des négociations a déclaré à l'AFP que "les médiateurs (avaient) informé le Hamas qu'ils espéraient entamer la deuxième phase des négociations la semaine prochaine à Doha" au Qatar, l'un des trois pays médiateurs avec les États-Unis et l'Égypte.

Les otages ont été enlevés en Israël lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Sur 251 personnes alors emmenées de force à Gaza, 73 s'y trouvent toujours, dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Durant la première phase de la trêve, 33 otages et 1 900 détenus doivent être libérés. Mais la suite du cessez-le-feu reste incertaine, alors que les négociations sur la deuxième phase, censée prendre effet début mars, n'ont toujours pas commencé.

Cette deuxième phase doit permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, avant la dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier gigantesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars. 

"Gaza est devenu un enfer insupportable"

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1 211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza. L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a elle fait au moins 48 222 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Au pied de squelettes d'immeubles, entre les débris et les flaques d'eau boueuse, des habitants de Gaza veulent croire que la trêve se maintiendra. "La guerre ne va pas reprendre, car personne n'y a intérêt", a affirmé à l'AFP l'un d'entre eux, Abdel Nasser Abou al-Omrain, rentré comme des centaines de milliers de déplacés dans le nord du territoire. Mais pour lui, "Gaza est devenu un enfer insupportable, et nous ne pouvons pas y vivre".

Le président américain Donald Trump avait annoncé la semaine dernière un plan, décrié à travers le monde mais applaudi en Israël, visant à placer Gaza sous contrôle américain pour reconstruire le territoire, après avoir expulsé ses habitants vers l'Égypte et la Jordanie.

Un sommet de cinq pays arabes doit se tenir le 20 février à Ryad pour préparer une réponse commune à ce plan, avant un autre sommet une semaine plus tard en Égypte. 

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, attendu au Moyen-Orient, a déclaré jeudi que les États-Unis étaient ouverts à toute autre proposition des pays arabes. "Pour l'instant le seul plan - ils ne l'aiment pas - mais le seul plan, c'est celui de Trump. Donc s'ils en ont un meilleur, le moment est venu de le présenter", a-t-il dit.

Avec AFP