Une réponse dimensionnée à la menace ? La France convoque, vendredi 12 septembre, l'ambassadeur de Russie pour avoir des explications. Emmanuel Macron a également annoncé l'envoi de trois avions Rafale supplémentaires pour défendre les cieux polonais contre d'éventuelles futures incursions russes. Un renforcement motivé par l'incursion, mercredi, de 19 drones d'attaque qui se sont abattus en Pologne, sans faire ni victimes ni dégâts importants. Des chasseurs bombardier pour contrer des drones n'est-ce pas un peu hors de proportion ?
Tout d'abord, il est important de noter que le renforcement des missions de police du ciel ou de bouclier aérien ("air shielding" en anglais) de l'Otan, au-dessus de la Pologne ou des pays baltes, répond à une demande de la Pologne. Le pays a activé l'article 4 du traité de l'Otan jeudi. La France a répondu, ainsi que l'Allemagne, qui envoie deux chasseurs bombardier supplémentaires. Le Royaume-Uni ou la Suède pourraient eux aussi envoyer ou renvoyer plusieurs chasseurs pour patrouiller les cieux du flanc est de l'Otan.
Il s'agit aussi d'une posture, en termes militaires on parle de "signalement stratégique" où on montre à l'adversaire - en l'occurrence la Russie - que les pays européens de l'Otan sont présents, en force, et déterminés sur le flanc oriental de l'Alliance. Les avions de combat ne sont certes pas forcément la meilleure des défenses antiaériennes face à des drones légers, comme les Gerbera russes. Ceux-ci sont produits à la chaîne à un coût unitaire estimé à moins de 10 000 euros pièce. Mais c'est désormais le problème qui se pose à toutes les armées du monde : trouver des parades peu chères, faciles à mettre en place et efficaces face à ces engins.
Les Ukrainiens spécialistes dans la lutte anti-drones
Mais y a-t-il de vraies défenses efficaces face aux drones d'attaque ? Les vrais spécialistes en la matière sont les Ukrainiens. Ils ont mis au point des techniques très variées pour défaire ces attaques de drones : drones anti-drones, filets de protection, brouillage ou usurpation électronique des autodirecteurs de ces engins. À ces techniques s'ajoutent, bien sûr, les moyens de défense antiaérienne plus classiques au canon antiaérien, voire à la mitrailleuse. Un drone Gerbera ou même un drone d'attaque Shahed, un peu plus important en volume, peut être abattu à la Kalachnikov pourvu qu'il vole suffisamment bas.
Toutes les armées occidentales sont en train de mettre à profit les retours d'expérience de l'armée ukrainienne pour s'équiper face aux drones russes. La Pologne annonçait, jeudi, qu'elle allait s'associer aux Ukrainiens pour monter un véritable "mur de brouillage" pour divertir la course de ces engins.
En France, la section technique de l'armée de Terre a mis au point un canon antiaérien dédié à la chasse aux drones. Un "bon vieux canon" de 20 mm, que les armées ont en stock et en nombre, sur lequel on a monté des caméras thermiques et un système de ciblage boosté à l'intelligence artificielle. Il s'agit du Proteus, qui devrait pouvoir équiper les forces sur le terrain dans les prochains mois.