Bordeaux : un projet de 51 logements étudiants à l’arrêt, un propriétaire accuse publiquement la mairie

«Ici la mairie annule un permis de 51 logements étudiants sociaux.» Voilà ce qu’on peut lire sur un panneau près des Bassins à Flots, à Bordeaux. Un site d’environ 2000 mètres carrés devait se transformer en un immeuble de cinq étages, mais le projet est toujours au point mort, et ne verra certainement jamais le jour.

«Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) a changé au moment où on allait commencer les travaux», explique Christian Ranchère, propriétaire du terrain et auteur du message affiché en pleine rue. Un permis de construire avait été délivré en avril 2022.

51 logements étudiants étaient prévus sur un bâtiment de cinq étages, près des Bassins à Flot, à Bordeaux. Christian Ranchère

Depuis, le promoteur était en train de mettre au point sa réalisation avec le bailleur social Aquitanis. Mais le nouveau PLU datant de mai 2024 ne permet pas de commencer les constructions. Parmi les nouvelles règles, les normes de sécurité concernant les inondations ont été mises à jour. Le 13 janvier 2025, la prorogation du permis a été refusée. «Intellectuellement, je n’arrive pas à accepter qu’on m’empêche de mener à bien ce plan. J’ai engagé tous les frais, j’ai effectué toutes les démarches... Pour qu’au final, on décide de changer les règles. Comme le permis de construire a été donné avant le changement de PLU, on ne pensait pas que ça arrêterait le projet», explique le propriétaire des lieux, qui n’hésite pas à envoyer un tacle de plus à la mairie. «On ne peut plus réaliser de permis de construire parce qu’ils changent les règles du jeu en permanence, selon leur bon vouloir. Dans la profession, tout le monde abandonne à Bordeaux ! Tout est fait pour décourager la construction à taille humaine. On ne peut discuter avec personne. Je n’ai jamais rien reçu concernant le PLU, il n’y a eu aucune communication. Tout a été parfait pour que le dossier pourrisse», regrette Christian Ranchère.

«De la diffamation»

De son côté, la mairie n’a guère apprécié la démarche. «Le message nous a évidemment interpellés. Quand on connaît l’histoire, c’est au mieux de la mauvaise foi, et au pire de la diffamation», affirme Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, du service public de l’habitat et de l’économie sociale et solidaire. «Quand vous avez un permis de construire, vous avez 3 ans pour le mettre en œuvre. Là, Aucuns travaux n’avaient été commencés. Les nouvelles réglementations sont sur le plan de prévention des risques naturels d’inondation (PPRi). On ne peut pas y déroger, on parle de la sécurité des personnes. Un parking souterrain était prévu sur les plans. Avec le nouveau PLU, ce n’est pas possible. Les locaux pour les vélos devenaient également trop petits», assure l’élu. L’une des parcelles du site appartient à la Métropole. «On a tout intérêt à ce qu’un projet avec des logements étudiants se fasse. Début 2023, on a même proposé au propriétaire de payer les coûts de dépollution de la parcelle. Il nous explique que c’est nous le problème, mais il avait 3 ans pour démarrer le projet.»

Finalement, le site devrait donc pour le moment rester un terrain vague. «Nous allons simplement vendre les garages et ça en restera là», conclut le propriétaire Christian Ranchère.