Satoshi Kondo: quand le papier washi inspire la mode chez Issey Miyake
Sa mode est une allégorie du vivant. Il suffit de voir ses robes iridescentes, drapées dans la douceur de tissus fluides, pour comprendre l’infinie délicatesse de Satoshi Kondo à dialoguer avec le mouvement, la nature et les savoir-faire séculaires du Japon que la maison nippone ne cesse d’interroger depuis sa création, en 1970.
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Ainsi de sa prochaine collection printemps-été 2025 inspirée du washi. Cet art millénaire du papier japonais, inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité, et dont on fait également des vêtements, depuis la nuit des temps. Telle la série de Kamiko qui évoque les habits traditionnels, à l’origine destinés aux moines bouddhistes, et que Kondo métamorphose en trenchs, grands coupe-vent et costumes à la souplesse sans pareille, grâce aux techniques ingénieuses développées par le studio de création. Et tandis que les combinaisons et les robes à colonnes se plissent et s’enroulent de diagonales légères, dévoilant des transparences subtiles, Kondo cultive son jardin poétique, parsemant de-ci de-là les silhouettes de mauve et d’anis, de jaune et de fleurs, dans l’allégresse de l’été. Alors que les tricots s’assemblent par deux, sans couture, en équilibre sur le corps, dans l’espace du ma, cet intervalle du temps et du vide - cher à la maison Miyake -, qui relie deux entités, décrit au Japon comme la voie subjective, créative, et qui, rapporté à la mode, se situe à fleur de peau et d’étoffe.
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Au lendemain du défilé, dans la clarté du studio de design où Satoshi Kondo nous reçoit, l’atmosphère est très apaisée. Il ferme les yeux, pour mieux répondre à la question qu’il évoque via sa collection: D’où provient ce sentiment de réconfort que provoque le papier? C’est dans une chambre de l’hôtel Log, situé près de la ville d’Hiroshima et conçu par l’architecte indien Bijoy Jain, que j’ai ressenti son bien-être. Les murs et chaque microsurface de ma chambre, jusqu’aux prises électriques, étaient recouverts de washi. La lumière tamisée par le papier invitait à la communion, il s’en dégageait une spiritualité presque surnaturelle.»
Pour comprendre l’art du washi, Kondo et ses équipes ont fait d’intenses recherches, allant jusqu’à l’apprentissage du modelage, du papier mâché et de l’origami. Une tradition de fabrication des choses, que le maître Miyake, lui-même, a transmise à ses équipes: Quand tu crées, capture l’essence des choses. Si tu veux obtenir la couleur d’une fleur, va dans la nature cueillir des fleurs sauvages.»
NOM /Satoshi Kondo
LIEU /Né en 1985, il a grandi avec ses parents à Kyoto. Sa mère, professeure de couture, confectionne ses propres vêtements. Les tissus et accessoires en tout genre qui remplissent la maison stimulent le couturier en herbe. Alors que ses copains jouent au ballon, le petit Satoshi dessine sans relâche et s’amuse à coudre et monter des costumes.
ÉTUDES /Diplômé du College of Fashion d’Ueda, en 2007.
PARCOUR S /Il commence à travailler auprès d’Issey Miyake en 2007, pour la ligne Pleats Please, avant d’en devenir son designer. Un an plus tard, Kondo prend les rênes de la ligne Homme Plissé. Nommé designer de la ligne Femme, en 2019, Satoshi Kondo a su s’imposer par son inventivité et la grâce de ses silhouettes.
PARIS /Le créateur japonais aime la diversité des gens qui marchent dans les rues de la capitale française (où Issey Miyake a installé le siège de son entreprise), mais aussi ses galeries et ses innombrables musées. «Il y a tant à explorer. Jamais je n’aurais imaginé si beau musée que le Quai Branly», confesse-t-il.