Sylvie Vartan: six derniers concerts flamboyants pour dire adieu
Vendredi à 20 heures, Sylvie Vartan donnera le coup d’envoi de ses adieux à la scène. Trois concerts au Palais des Sports suivis de trois autres fin janvier au Palais des Congrès. La «dernière des dernières» aura lieu le dimanche 26 janvier 2025. «Je sais que cela va être difficile de dire au revoir à mon public, de ne pas m’effondrer en larmes. Je sais que dans la salle il y aura des gens qui me suivent depuis les années 1960, c’est très émouvant pour moi de leur dire au revoir. Mais le moment venu, il faut savoir s’arrêter !», confie-t-elle à Benoit Cachin dans Ma vie de scène en scène, un beau livre de 290 pages plein d’anecdotes qui vient de paraître chez Gründ (40 euros). Comme Sylvie Vartan ne fera pas le tour des régions, cet ultime grand spectacle sera capté pour être projeté sur grand écran. La date de cette séance spéciale et les cinémas participant à l’opération ne sont pas encore annoncés.
Pour ce dernier tour de piste qu’elle a voulu «flamboyant», elle sera 2h30 sur scène. Avec deux invités surprise par soir. Sur scène, elle sera accompagnée par onze musiciens, quatre choristes et sept danseurs. Le show chorégraphié par Rehda s'articule autour de cinq tableaux : Johnny, les Beatles, la danse, Las Vegas et la France. Chacun de ces moments sera précédé par une vidéo de quelques minutes qui présentera Sylvie avec des moments forts de ses soixante ans de carrière. La set liste sera un «best of» avec tous les tubes de 1961 à aujourd’hui : Loco-Motion , La plus belle pour aller danser, Si je chante, Tous mes copains, Par amour, La Maritza, Comme un garçon, Qu’est ce qui fait pleurer les blondes, L’Amour c’est comme une cigarette...
À lire aussi Sylvie Vartan tire sa révérence : « À 80 ans, il faut se calmer un peu ! »
Une partie conséquente sera consacrée aux années 1960 et Sylvie chantera évidemment de sa voix grave, une chanson de Johnny Hallyday. Le rocker n’apparaîtra en hologramme comme au Grand Rex mais il sera présent en images derrière la chanteuse. Il faut compter sur de nombreux changements de costumes, du smoking avec chapeau en passant par un fourreau pailleté vert. Toutes ces tenues sont signées Stéphane Rolland. La mise en lumière a été peaufinée par Jacques Rouveyrollis, le légendaire concepteur des lumières, un fidèle de toujours.
Tony Scotti, son protecteur depuis 42 ans
Quelques instants avant que le rideau ne s’ouvre, Tony Scotti prendra place derrière la régie et couvera son épouse et artiste du regard comme il le fait depuis maintenant 42 ans. «En octobre 1981, il a participé de loin au Palais des Sports de Sylvie. Personne ne savait qu’ils s’étaient rencontrés au Japon six mois plus tôt», raconte Benoit Cachin. Journaliste expert en chanson française, il a consacré quatre livres à Vartan dont 700 pages sur ses 1500 chansons, un autre sur sa discographie et ce dernier dédié à ses soixante ans sur scène. Un beau livre précieux car avant l’arrivée de Tony Scotti, les concerts mythiques de Sylvie n’ont pas tous été filmés ou alors dans une mauvaise qualité. »Leur première grande collaboration date de 1982 à Las Vegas. Tony avait notamment eu l’idée de lui faire chanter un medley des standards américains», souligne Benoit Cachin. Homme clé des shows de Sylvie Vartan, ce puissant producteur américain est né aux États-Unis d’une famille d’origine italienne. Il a débuté comme acteur et chanteur avant d’organiser les concerts des plus grandes stars de la planète. La liste incroyable de ces légendes va de Tina Turner à Barbra Streisand en passant par James Brown en passant par Abba.
Avec Johnny, la vie était rock’n’roll. Avec Tony, Sylvie a trouvé son double. Dans sa vie privée comme dans son métier, Sylvie Vartan a beaucoup porté les autres à bout à bras, élevant notamment son fils, David Hallyday, seule. Avec Tony, elle a enfin pu poser sa tête sur une épaule de confiance. À l’époque de leur rencontre, elle n’a pas arrêté pendant deux décennies. Pour la seule fois de ses soixante ans de carrière, elle va arrêter la scène pendant six ans. Elle laisse le devant de la scène à David avant de revenir en 1990 avec un concert très spécial. Quelques mois après la chute du rideau de fer, elle se produit en Bulgarie à Sofia, là où elle est née.
En juin dernier, Tony et elle ont fêté leurs quarante ans de mariage. Ces deux-là s’aiment comme au premier jour. Si l’ensemble de leur famille et leurs amis sont attendus à Paris, leur arrière-petit-fils Harrisson âgé de deux ans viendra peut-être aussi. L’occasion de découvrir sa chère arrière-grand-mère pour la première et dernière fois sur scène. Sous la surveillance de Didier, l’homme de confiance polyglotte et garde du corps du couple, le petit garçon pourra toujours jouer avec leur bichon Muffin.
Dans l’histoire du showbiz en France, les shows de Sylvie Vartan ont une place à part. Exactement comme ceux de Johnny Hallyday et de Mylène Farmer. Elle fait ses débuts en 1961 à l’Olympia en twistant avec Frankie Jordan. Ils font la première partie de Gilbert Bécaud qui était une énorme star. Bruno Coquatrix, directeur de l’Olympia lui propose de revenir quelques jours plus tard pour trois semaines d’affilée en première partie du rockeur britannique Vince Taylor. Elle a 17 ans, est une ravissante blonde aux lèvres boudeuses. En coulisse, Johnny Hallyday tombe fou amoureux. Gilbert Bécaud embarque la jeune fille en tournée. Eddie Vartan son frère, un grand musicien, l’accompagne. En 1963, elle enchaîne les tournées avec les stars de l’époque avec en point d’orgue le fameux concert de la place de la Nation devant 200 000 jeunes déchaînés. L’année suivante, elle fête ses vingt ans avec les Beatles lors d’un Olympia mythique. En 1965, elle effectue sa première tournée mondiale. Elle est présentée à la reine Élisabeth II après son concert à Londres et devient une idole au Japon. Un statut qu’elle a encore aujourd’hui. À Tokyo, de nombreux disquaires mettent toujours ses vinyles en avant. Comme si elle était Taylor Swift. Incroyable mais vrai.
«Dès son Olympia de 1968, elle se produit avec des danseurs, souligne Benoit Cachin. Le grand tournant date de 1975 où elle importe en France, les grands shows américains. Conçus comme des comédies musicales avec des tableaux de 20 minutes, ils font sensation.» Et d’ajouter : «Si Line Renaud de retour de Las Vegas a relancé les escaliers, les plumes, les boys en costume et des meneuses de revue, ses chansons étaient des classiques. Sylvie a été la première à chanter et danser du rock et de la pop entourée de danseurs avec des chorégraphies de haute volée.» Ces shows démesurés vont durer de 1974 à 2004. Les deux décennies suivantes, Vartan se spécialise dans les tours de chant. Elle revient à l’Olympia et se produit dans des salles chics comme Pleyel. Aucun de ses shows ne se ressemble. En 2019, elle conçoit un concert 100% en hommage à Johnny Hallyday. Le tout dernier au Théâtre Édouard VII était un piano voix, pas forcément très joyeux mais les vrais fans ont adoré. La connaissant, ses adieux seront forcément grandioses. Ce vendredi soir, le Figaro sera dans la salle. Compte-rendu à lire ce week-end.