Dernières heures de campagne électorale dans un Canada bouleversé par une attaque à Vancouver
Le Canada a vécu une campagne pour les législatives focalisée sur les menaces de Donald Trump. La dernière journée des candidats canadiens, dimanche 27 avril, a été bousculée par une attaque à la voiture-bélier dans l'ouest du pays.
Pour ce scrutin qui se déroule dans un climat tendu, le Premier ministre Mark Carney, chef du Parti libéral, est donné favori face au chef conservateur Pierre Poilièvre lors du vote de lundi mais les sondages montrent que l'écart s'est légèrement resserré ces derniers jours.
Les libéraux sont aujourd'hui crédités d'environ 42,8 % des voix et les conservateurs de 38,8 %. En termes de projections de sièges, les libéraux pourraient être en mesure d'obtenir autour de 200 députés pour une majorité placée à 172.
Les autres partis – le Nouveau parti démocratique (gauche), le Bloc québécois (indépendantiste) et les Verts – pourraient subir de lourdes défaites, victimes en partie d'un vote utile.
Les résultats devraient être connus quelques heures après la clôture du vote lundi soir.
Une fin de campagne endeuillée
Samedi soir, un homme, qui souffre de problèmes de santé mentale, a lancé son véhicule contre la foule lors d'un festival de la communauté philippine à Vancouver, sur la côte pacifique, tuant 11 personnes et en blessant des dizaines d'autres.
Une tragédie qui a poussé le candidat libéral et Premier ministre Mark Carney, favori des sondages, à modifier son agenda pour son dernier jour sur le terrain, annulant les grands meetings prévus.
Ce père de quatre enfants est apparu très ému lors d'une courte intervention dimanche matin et a exprimé son soutien aux familles touchées, qui vivent "un cauchemar". Mais il a tenu à rassurer le pays précisant qu'il n'y avait aucun signe de "menace active" persistante.
Depuis une église en Ontario, son principal adversaire le conservateur Pierre Poilièvre a lui aussi évoqué cet "acte violent insensé" précisant que "tous les Canadiens étaient unis en solidarité avec la communauté philippine".
Mark Carney favori pour affronter Donald Trump
Cette attaque est finalement l'un des rares événements qui aura un temps détourné la campagne du sujet qui a écrasé tous les autres : la guerre commerciale et les menaces d'annexion de Donald Trump, qui provoquent colère et sidération dans le pays.
Et d'après les enquêtes, les Canadiens considèrent que Mark Carney – ancien banquier et ex-gouverneur des banques centrales du Canada et du Royaume-Uni – est le candidat le plus solide pour relever le défi du face-à-face avec le président américain.
"C'est une question existentielle à laquelle nous faisons face", a déclaré dimanche à l'AFP Brian Carr, un retraité d'Ottawa, en faisant référence à l'hostilité américaine.

Pour lui, Mark Carney "sera capable d'établir une relation personnelle avec Trump" et donc de "ne pas l'offenser" tout en insistant sur "la souveraineté du Canada, qui compte rester indépendant".
Depuis qu'il a remplacé Justin Trudeau au poste de Premier ministre, mi-mars, Mark Carney s'efforce de convaincre les électeurs que son parcours fait de lui le candidat idéal pour cette crise historique que traverse le pays avec des droits de douane qui affectent déjà des secteurs clés comme l'automobile et l'acier.
Dimanche, à Saskatoon dans le centre du pays il a promis : "dans cette guerre commerciale, tout comme au hockey, nous gagnerons".
L'inflation dénoncée par Pierre Poilievre
De son côté, Pierre Poilièvre a axé sa campagne sur la flambée du coût de la vie des dernières années, qui est à imputer aux libéraux, selon lui.
S'adressant samedi à une foule enthousiaste de partisans, dans la ville minière de Sudbury (Ontario), cet homme politique de carrière de 45 ans, a promis que "le changement n'était plus qu'à quelques jours".
"Je rencontre quotidiennement de jeunes couples qui pensent qu'ils ne pourront jamais se permettre d'avoir des enfants parce qu'ils n'ont pas de maison pour les élever. Ce n'était pas comme ça avant la décennie libérale", a déclaré le chef conservateur.
À lire aussiPierre Poilièvre, un Trump canadien qui rêve de prendre la place de Justin Trudeau
Janice Wyner, électrice conservatrice de l'Ontario rêve d'un gouvernement conservateur majoritaire pour lutter contre le "chaos" laissé par les libéraux. Les "politiques de Trudeau étaient mauvaises et Carney c'est le même parti", explique cette femme de 70 ans.
Avec AFP