«Je ne veux pas de gens armés en territoire français» : le souvenir de la colère de Jacques Chirac à Jérusalem en 1996

«Je ne veux pas de gens armés en territoire français» : le souvenir de la colère de Jacques Chirac à Jérusalem en 1996

Jacques Chirac, à Jérusalem, en 1996. JIM HOLLANDER / AFP

La police israélienne «armée» a pénétré ce jeudi dans un territoire administré par la France à Jérusalem, arrêtant deux gendarmes français. Un incident diplomatique qui n’est pas sans rappeler un précédent du temps de Jacques Chirac.

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La police israélienne «armée» est entrée sans autorisation dans l’église du Pater Noster (aussi appelée Eleona), où Jésus aurait enseigné le Notre-Père, un site possédé et géré par la France à Jérusalem, selon Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a refusé d’y pénétrer et dénoncer une «situation inacceptable». Deux gendarmes français ont même été arrêtés par les forces de l’ordre israéliennes. Un incident diplomatique qui rappelle un précédent, le 25 octobre 1996. 

Jacques Chirac devait se rendre à l’église Sainte-Anne, bâtie sur la maison d’Anne et Joachim les parents de la Vierge Marie, qui appartient elle aussi au «domaine national français en Terre Sainte», administrée depuis le Consulat à Jérusalem. Des soldats israéliens pénètrent dans l’église sous les yeux des autorités religieuses ... et du président français qui s’écrie : «Je ne veux pas de gens armés en territoire français… J’attendrai». Les soldats quittent l’église sous les huées de la foule, qui applaudit Jacques Chirac.

Quelques minutes plus tôt, alors qu’il se promenait dans la Vieille Ville de Jérusalem, il avait déjà apostrophé le service de sécurité israélien qui l’empêchait de serrer la main aux Arabes palestiniens. «You want me to take my plane and to go back to France ?» («Vous voulez que je reprenne mon avion et que je retourne en France ?», NDLR). Une phrase, passée à la postérité, qui lui assura une très forte popularité dans la rue arabe.

Le 22 janvier 2020, alors qu’Emmanuel Macron veut se rendre à l’église Sainte-Anne, des policiers israéliens s’en prennent aux forces de l’ordre françaises qui sécurisent le bâtiment religieux détenu par la France. «Sortez je vous prie, personne n’a à provoquer personne, c’est compris ?», leur intime le chef de l’État. «Respectez les règles établies depuis des siècles, elles ne changeront pas avec moi, je peux vous le dire. C’est la France ici, et tout le monde connaît la règle», a-t-il ajouté.

Le domaine national français en Terre Sainte regroupe trois possessions à Jérusalem-Est, occupé par Israël à la suite de sa victoire écrasante contre une coalition de pays arabes en 1967, l’église du Pater Noster, où s’est déroulé l’incident de ce jeudi, l’église Sainte-Anne, et le Tombeau des Rois. Le monastère d’Abou Gosh, une ancienne commanderie templière qui accueille des moines bénédictins, se situe à Jérusalem-Ouest. Certains groupes israéliens extrémistes revendiquent la possession du Tombeau des Rois. Ces possessions ont été acquises par la France à partir de 1856. 

«Il y a notre histoire française qui est un peu particulière et en arrivant à Sainte-Anne, qui est sur le domaine français, il y a eu un jeu qui était assez classique, il y a eu un moment d’énervement entre les équipes de sécurité et il me revenait d’y mettre bon ordre», avait expliqué Emmanuel Macron, à la suite de l’incident à l’église Sainte-Anne. Cette «histoire française» remonte aux Croisades et à la longue tradition de protection des Chrétiens d’Orient par la monarchie capétienne puis la République.