Condamné pour détournement de fonds, le patron de la droite lyonnaise va devoir démissionner

Selon la jurisprudence du conseil d’État, l’ancien député, également maire de Caluire-et-Cuire depuis 16 ans, va être déclaré démissionnaire d’office de ses mandats. FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le chef de file de la droite à la métropole de Lyon et maire de la commune de Caluire-et-Cuire, Philippe Cochet (LR), a été condamné ce mercredi à un an de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire pour détournements de fonds publics.

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Un sévère coup au casque pour la droite lyonnaise. Son chef de file à la métropole, Philippe Cochet (LR) a été reconnu coupable de détournements de fonds publics ce mercredi 11 décembre dans l’affaire de l’emploi fictif de son épouse Laetitia, a appris Le Figaro de sources concordantes. Il a écopé de trois ans de prison dont un ferme aménagé sous la forme d’une assignation à résidence, mais surtout d’une peine d’inéligibilité de cinq ans. S’il dispose de 10 jours pour faire appel, la peine a été assortie d’une exécution provisoire, comme le veut désormais la loi. Selon la jurisprudence du conseil d’État, l’ancien député, également maire de Caluire-et-Cuire depuis 16 ans, va donc être déclaré démissionnaire d’office de ses mandats. La peine d’inéligibilité couvre aussi le prochain scrutin municipal de 2026.

Le tribunal judiciaire de Paris a suivi les réquisitions du parquet national financier (PNF), prononçant par ailleurs la confiscation de l’ancienne permanence parlementaire de Philippe Cochet, évaluée à 320.000 euros. Les juges sont même allés au-delà concernant l’épouse de celui qui fut député de 2002 à 2017, Laetitia Cochet, condamné à deux ans de prison avec sursis. La justice les a reconnus coupable des faits de détournements de fonds reprochés après les révélations d’une enquête journalistique de Lyon Capitale  et France Info en 2017, dans le contexte de l’affaire Pénélope Fillon.

Un million d’euros de préjudice

«Le travail de Mme Cochet ne pouvant être établi, sauf pour quelques services ponctuels à son mari, l’emploi pourrait être fictif», pointait l’association Anticor, qui s’était constituée partie civile à la suite de son dépôt de plainte en 2021, à l’origine de la procédure. À l’échelle des 15 années de contrat de travail liant le député et sa collaboratrice, le préjudice se chiffrerait à 639.000 euros, précise l’association. Sans compter les 94.000 euros d’indemnités chômage perçues à la perte de son emploi, en 2017, avec la défaite de son mari. France Travail s’est aussi constituée partie civile. Le couple devra rembourser ces sommes.

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Lors de l’audience tenue à la fin du mois d’août, le couple avait nié les reproches qui lui étaient faits. Il était apparu que certains interlocuteurs avaient pu considérer Laetitia Cochet comme l’attachée parlementaire de son mari. Mais les autres collaborateurs du député ont déclaré ignorer que son épouse faisait partie de l’équipe, indiquant ne l’avoir croisée que rarement à la permanence, alors même qu’elle était la mieux payée d’entre eux, à hauteur de 5600 euros bruts par mois. Elle ne s’était pourtant vue attribuer ni bureau ni fonction précise, selon l’enquête du PNF.

L’emploi d’un membre de sa famille par un député n’a été interdit qu’à l’été 2017, après les scrutins présidentiels et législatifs. À l’époque des faits reprochés au couple Cochet, 18% des députés se trouvaient dans ce cas, avec une activité attestée dans la majorité des cas.