«Regardez, c’est dingue, ce streamer est mort en direct», s’offusque un jeune, tendant son téléphone vers ses amis attablés à un bar, dans le 18e arrondissement de Paris. Le décès de Raphaël Graven, surnommé «Jean Pormanove» ou «JP» a ému la toile en début de semaine. Dans la nuit de dimanche 17 août à lundi 18 août, le streamer français de 46 ans s’est éteint durant son sommeil à Contes, près de Nice.

Une vidéo, diffusée en direct sur la plateforme Kick, montre le quadragénaire allongé sans vie sur un matelas, recouvert d’une couette et ayant du mal à respirer. D’autres hommes semblent se réveiller à ses côtés, lui parlent, jusqu’à lui envoyer une bouteille en plastique. «Il est vraiment dans une position chelou», entend-on dans la vidéo, avant que la diffusion ne soit coupée.

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Jean Pormanove s’était lancé sur les réseaux sociaux il y a cinq ans, d’abord en se filmant en train de jouer à des jeux vidéo. Ses contenus avaient ensuite évolué vers des défis dangereux. En fin de semaine dernière, il venait de terminer «10 jours et nuits de torture», avec des violences physiques extrêmes et l’ingestion de produits supposément toxiques. Au fil des ans, l’influenceur s’est forgé une solide communauté, suivi par plus de 143.000 personnes sur Instagram, près de 670.000 sur Twitch et plus de 580.000 sur TikTok.

Une enquête ouverte

Dans ses contenus, le quadragénaire apparaissait régulièrement aux côtés d’autres streamers, comme Owen Cenazandotti, alias «Naruto» et «Safine». Les deux hommes avaient été placés en garde à vue en janvier dernier, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour des soupçons de violence sur personnes vulnérables, après la publication d’un article de Mediapart l’an dernier. Nos confrères avaient dénoncé l’existence de vidéos diffusées en direct où Jean Pormanove et une autre personne handicapée subissaient des humiliations. «Naruto» et «Safine» avaient alors contesté toute infraction et nié les faits.

Sur le réseau social Instagram, «Naruto» a posté un message de condoléances lundi 18 août : «J’ai toujours redouté le jour où je devrais écrire ces mots. Malheureusement, cette nuit, JP (Raphaël Graven) nous a quittés. (…) Je vous demande à tous de respecter sa mémoire et de ne pas partager la vidéo de son dernier souffle dans son sommeil.» Une enquête a été ouverte et confiée à la brigade de recherches de Nice. Des auditions sont en cours et une autopsie devrait être pratiquée, selon le parquet de Nice.