«L’arnaqueur de Tinder» interpellé après des années de cavale

Il est ce que l’on appelle dans le jargon un professionnel de l’arnaque : Shimon Yehuda Hayut, 34 ans, a été arrêté ce lundi à l’aéroport de Batoumi en Géorgie après des années de cavale. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, celui de Simon Leviev sera sans doute plus parlant. En 2022, un documentaire Netflix nommé «l’arnaqueur de Tinder» l’a rendu célèbre. Ce dernier donne la parole à trois de ses victimes, des femmes célibataires au moment des faits à qui il a soutiré plus de 10 millions de dollars entre 2017 et 2019.

Son mode opératoire ? Se faire passer pour le fils d’un magnat russe des diamants sur la célèbre plateforme de rencontre pour convaincre ses victimes de lui prêter d’importantes sommes d’argent qu’il n’a évidemment pas l’intention de rembourser. Des agissements qui lui ont valu de multiples mises en examen, mais cet Israélien de 34 ans n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2011, il est connu des services de police pour des délits en tous genres : fraude, vol, faux, escroqueries…

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Au total, il a déjà passé près de deux ans et demi en prison, d’abord entre 2015 et 2017 pour une première affaire d’escroquerie en Finlande puis entre 2019 et 2020 en Grèce pour usage de faux passeport. Il avait alors été condamné à 15 mois de détention dans son pays d’origine avant que sa peine ne soit réduite à cinq mois. Depuis Tel Aviv où il vivait jusqu’alors, Leviev tentait de surfer sur le succès que lui ont conféré la série Netflix et diverses enquêtes journalistes en poursuivant une carrière dans l’industrie du divertissement.

Placé sur la liste rouge d’Interpol

Très actif sur les réseaux sociaux, notamment Instagram où il cumule plus de 259 000 abonnées, «l’arnaqueur de Tinder» avait annoncé début septembre la sortie de son livre intitulé «l’histoire derrière l’homme» dans lequel il promettait de raconter sa vérité. Pas sûr qu’il voit le jour après son arrestation ce lundi à la demande d’Interpol, qui l’avait placé sur sa liste rouge. Les services du ministère de l’Intérieur géorgien n’ont pas donné plus de détails pour le moment mais il devrait être extradé d’ici peu vers l’un des pays ayant déjà enquêté sur ses activités.

De son côté, l’avocat de Shimon Yehuda Hayut a déclaré à un média israélien qu’il ne savait pas pourquoi son client a été arrêté, alors qu’il pouvait voyager librement autour du monde depuis sa dernière sortie de prison : «J’ai parlé avec lui ce matin après son arrestation, mais nous n’en comprenons pas encore la raison», s’est interrogé Gili Bar Zohar. Une impunité qu’il doit plus à la difficulté pour les systèmes juridiques nationaux de réagir à des affaires transfrontalières qu’à la bonne conduite de celui qui est désormais banni de Tinder. Lui a toujours clamé son innocence, arguant qu’il utilisait l’appli simplement pour «rencontrer des filles».

Cet exemple de «catfishing» est l’un des plus célèbres de ces dernières années avec celui de la Française Anne Deneuchatel, qui avait cédé près d’un million d’euros à un faux Brad Pitt. Son histoire avait fait l’objet d’un numéro de «Sept à huit» en début d’année avant que celui-ci ne soit retiré des plateformes à cause du cyberharcèlement dont elle avait été victime suite à la diffusion. Dans le cas de Simon Leviev, son arrestation pourrait permettre à ses victimes de rouvrir des procédures civiles ou pénales. L’une d’entre elles s’est illustrée dernièrement en venant en aide à d’autres victimes dans un nouveau documentaire Netflix intitulé «La revanche des cœurs piégés», qui s’est hissé dans le top 10 de la plateforme dès la première semaine de sa sortie.