REPORTAGE. "Le miracle est arrivé" : des Palestiniens évacués de Gaza retrouvent leurs proches à Paris après des mois de bombardements
C'est la plus grosse opération d’évacuation organisée par Paris depuis le début de la guerre à Gaza. 115 personnes, dont des hommes, des femmes et des enfants, sont arrivées à l'aéroport de Paris-Orly (Val-de-Marne) vendredi 25 avril sous les applaudissements de proches venus les accueillir alors qu'ils ont survécu à 18 mois de bombardements israéliens. Certains d'entre eux travaillaient pour l’Institut français de Gaza, tandis que d’autres ont fini par retrouver des membres de leur famille déjà réfugiés en France.
Ils sont quelques dizaines à s’impatienter dans un hall de l’aéroport d’Orly, lorsque leurs proches arrivent enfin. Mohammad Loumani n’a pas vu sa femme et ses trois enfants depuis presque deux ans. "Je suis tellement ému, en fait, je pleure. J’ai l’impression de rêver."
Au déclenchement de la guerre, le 7 octobre 2023, ce musicien palestinien est en voyage à l’étranger lorsqu'Israël impose un blocus total de l’enclave. Sa famille se retrouve alors prise au piège. "Ils ont échappé plusieurs fois à la mort, ils ont dû fuir à l’intérieur de Gaza à plusieurs reprises. Il n’y avait aucune issue. Alors que j’avais perdu tout espoir, le miracle est arrivé."
"Joie", "colère", "stress"
Souvent, Mohamed a cru que ses enfants allaient mourir et qu’il n’allait plus jamais les revoir. Il étreint donc sa fille Maryam, 14 ans. "Être séparé, c’était une douleur immense, mais grâce à Dieu, on est enfin loin de cette guerre et notre famille est à nouveau réunie", confie l'adolescente.
Israël, qui contrôle le point le passage par lequel ils ont fui, leur a interdit de prendre le moindre sac avec eux alors, Hoda, la mère, récupère quelques vêtements offerts par des associations. "Mes sentiments sont très confus, il y a de la joie, de la colère, du stress, de la peur aussi. J’espère juste qu’on aura un avenir meilleur", témoigne cette maman. Hoda confie ressentir aussi un peu de culpabilité. Elle pense à ses sœurs et à tous les Gazaouis toujours sous les bombes.
"On est arrivés à sortir et eux, ils sont toujours en enfer. Donc c’est très difficile à vivre."
Hodaà franceinfo
"J’ai du mal à accepter que je sois partie en les laissant derrière moi. Là-bas, tout est détruit, la vie est devenue totalement impossible. Les enfants ne vont plus à l’école. Mon fils passait la journée à ramasser du bois parce qu’on n’avait plus de gaz ni de feu pour cuisiner, pour survivre", se rappelle-t-elle. La famille va maintenant s’installer dans une maison en banlieue d’Angers, mais Hoda espère retourner vivre à Gaza, lorsque la guerre sera terminée.