Déclassification des archives sur JFK et Martin Luther King par Trump : enfin la vérité ?
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a signé une avalanche de décrets dans son Bureau ovale de la Maison blanche. Parmi les derniers en date, il a ordonné jeudi 23 janvier la déclassification des archives du gouvernement américain sur les assassinats du président John F. Kennedy en 1963, de son frère Robert F. Kennedy en 1968, ainsi que du leader des droits civiques Martin Luther King Jr. la même année.
S'adressant aux journalistes présents, le président tout juste investi a assuré que "tout sera révélé". Cet ordre indique que Donald Trump a "déterminé que la suppression continue et la rétention d'informations dans les dossiers relatifs à l'assassinat du président John F. Kennedy n'étaient pas conformes à l'intérêt public et que la publication de ces documents était attendue depuis longtemps".
Dans son ordonnance, le président américain a demandé au procureur général et au directeur du renseignement national d'agir dans les 15 jours "pour la publication complète des documents relatifs à l’assassinat du président John F. Kennedy". Il a donné à ces mêmes responsables 45 jours pour élaborer un plan "pour la publication pleine et entière" des archives liées à la disparition de Robert Kennedy et de Martin Luther King.
Une promesse de campagne
Lors de sa campagne de réélection, le candidat républicain avait promis de rendre publics les derniers lots de documents encore classifiés entourant l’assassinat du président Kennedy à Dallas. La commission d'enquête officielle, nommée commission Warren, avait conclu en 1964 que Lee Harvey Oswald, un ancien commando marine qui avait vécu en Union soviétique, avait agi seul en tirant sur John F. Kennedy lors du passage du cortège présidentiel dans les rues de Dallas. Mais depuis des décennies, les spéculations les plus folles continuent de fleurir.
Au début des années 1990, le gouvernement fédéral avait que tous les documents liés aux assassinats soient conservés dans une seule collection au sein de la National Archives and Records Administration. La collection de plus de 5 millions de documents devait être ouverte d’ici 2017, sauf dérogation spéciale du président.
Lorsque la date limite est arrivée, Donald Trump qui était alors en poste a publié des milliers de documents, tout en donnant encore un peu de temps aux services de renseignement pour vérifier les documents jugés sensibles non publiés et en censurer, le cas échéant, les parties les plus délicates.
En décembre 2022, les Archives nationales ont également rendu publics plus de 13 000 documents, mais Joe Biden bloqué la publication de milliers d'autres, invoquant des inquiétudes concernant la sécurité nationale. Quelque "2 140 documents sont restés totalement ou partiellement retenus. 2 502 autres documents sont restés confidentiels pour des raisons indépendantes de la compétence du président, comme les sceaux ordonnés par le tribunal, les règles de secret du Grand jury, les limites de confidentialité fiscale ou les restrictions imposées par les personnes qui ont fait don de papiers", précise le New York Times.
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"Il y a toujours la possibilité que quelque chose soit passé à travers"
Au total, sur environ 320 000 documents examinés depuis l'adoption de la loi dans les années 1990, 99 % ont ainsi été divulgués, selon la National Archives and Records Administration. Même si la très grande majorité des archives sont aujourd'hui bien connues, ce sont ces documents inédits qui continuent d'alimenter les plus incroyables théories. Les experts s'accordent à dire qu'il ne devrait pas y avoir d'immenses révélations, mais la curiosité est bien présente.
"Il y a toujours la possibilité que quelque chose soit passé à travers", a ainsi estimé auprès de NBC Larry J. Sabato, directeur du Centre de politique de l'Université de Virginie et auteur d'un ouvrage sur les Kennedy. "C'est ce que recherchent les chercheurs. Il y a de fortes chances que vous ne le trouviez pas, mais il est possible que ce soit là." Moins optimiste, le journaliste d’investigation Gerald Posner, auteur d'une enquête à succès sur l'assassinat de JFK, a pour sa part déclaré à Associated Press : "Quiconque attend une preuve irréfutable qui va bouleverser cette affaire sera profondément déçu".
Les documents publiés au cours des dernières années ont ainsi surtout offert des détails sur la manière dont les services de renseignement fonctionnaient à l'époque. Ils comprennent des câbles et des mémos de la CIA sur les visites de Lee Harvey Oswald aux ambassades soviétique et cubaine lors d'un voyage à Mexico quelques semaines seulement avant l'assassinat.
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Les théories du complot
Selon un sondage réalisé en 2023 par l'institut Gallup, 65 % des Américains n'adhèrent toujours pas à la version officielle et estiment que l'assassiné présumé, abattu 48 heures plus tard dans les locaux de la police, n'a pas agit seul. Cet avis est d'ailleurs partagé par Robert Kennedy Jr., le neveu de JFK, qui a été choisi par Donald Trump comme ministre de la Santé. Le fils de Robert Kennedy, présent lors de la signature de l'ordre de déclassification, ne cache pas sa croyance dans l'existence d'un complot. Il a fait état dans le passé de "preuves accablantes de l'implication de la CIA", l'agence de renseignement américaine, dans l'assassinat de son oncle. Il a aussi évoqué des indices "très convaincants" de l'implication supposée de la même CIA dans celui de son père n'hésitant pas à dénigrer le travail de la commission Warren.
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Robert Kennedy, ancien ministre de la justice de JFK, a été assassiné à Los Angeles le 5 juin 1968, alors qu'il était en bonne position pour remporter les primaires démocrates en vue de l'élection présidentielle. Le sénateur démocrate venait d'achever un discours à l'hôtel Ambassador quand il a été abattu par Sirhan Sirhan, un Palestinien émigré aux États-Unis. Même si celui-ci purge toujours une peine de perpétuité pour ce crime, les spéculations fleurissent toujours sur la possibilité d'un second tireur. Des témoins auraient notamment rapporté la présence d'une femme qui aurait revendiqué la responsabilité de l'assassinat aux côtés de Sirhan Sirhan.
Concernant Martin Luther King, il a été assassiné le 4 avril 1968 par un ségrégationniste blanc échappé de prison, James Earl Ray, sur le balcon d'un motel de Memphis, où il était venu soutenir des éboueurs en grève. Après avoir dans un premier temps avoué le crime, James Earl Ray, mort en prison en 1998, a ensuite retiré ses aveux et déclaré qu'il était le bouc émissaire d'un complot beaucoup plus vaste. Comme le raconte USA Today, Loyd Jowers, un ancien propriétaire de bar de Memphis, a également affirmé 25 ans après le meurtre avoir participé à un complot mafieux visant à tuer le révérend King.
En réaction à l'annonce de la déclassification des archives relatives à cet assassinat, la famille de Martin Luther King a simplement indiqué dans un communiqué espérer avoir "l’opportunité d’examiner les dossiers en famille avant leur diffusion publique". "Pour nous, l’assassinat de notre père est une perte familiale profondément personnelle que nous avons endurée au cours des 56 dernières années", ont ajouté ses proches.
Les descendants de JFK sont en revanche plus acerbes. Pour Jack Schlossberg, le fils de Caroline Kennedy et unique petit-fils de JFK, il n'y a "rien d'héroïque" dans le décret de Donald Trump. "La vérité est bien plus triste que le mythe – une tragédie qui n'avait pas lieu de se produire. Elle ne fait pas partie d'un grand complot inévitable", a-t-il réagi sur son compte X. "La déclassification, c'est utiliser JFK comme un accessoire politique, alors qu'il n'est pas là pour riposter."