Ferrari F80, une supercar de 1 200 ch

À ne pas confondre. Chez Ferrari, il y a plusieurs familles de voitures de route produites en série limitée : les déclinaisons exclusives de modèles du catalogue (812 Competizione), les modèles de la série Icona (Monza SP1 et SP2, Daytona SP3) et les supercars. Cette dernière est de loin la famille la plus exclusive. Celle pour laquelle, les collectionneurs sont capables de se relever la nuit et de faire le siège de leur distributeur pour être certain de faire partie de la liste des heureux élus. C’est qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Baptisée F80, la dernière berlinette de la série ne sera produite qu’à 799 unités. Comme on pouvait s’en douter, avant même d’avoir dévoilé sa plastique et ses caractéristiques techniques, la dernière création de Maranello n’est déjà plus disponible à la vente malgré un ticket de 3,6 millions d’euros. Non content de symboliser le summum de la technologie de la marque, les supercars Ferrari sont également d’excellents placements. 

La F80 associe un V6 à angle ouvert à des moteurs électriques. Ferrari

En quarante ans d'existence, cette lignée n'a donné naissance qu'à six véhicules : 288 GTO, F40, F50, Enzo et LaFerrari. Le constructeur italien n’en avait pas conçu depuis dix ans. C’est dire l’importance de l’événement. Comme ses devancières, la F80 profite largement de l’expertise de la compétition, de la Formule 1 et des prototypes 499P en particulier. Des voitures qui ont gagné au Mans deux années de suite (2023 et 2024), on retrouve la silhouette générale avec des dimensions particulièrement généreuses et une aérodynamique soignée. Par rapport à la précédente supercar, la F80 est allongée de 140 mm à 4,84 m tandis que la largeur atteint 2,06 m et que la hauteur ne dépasse pas 1,13 mètre. Les designers ont travaillé en étroite collaboration avec les ingénieurs et les aérodynamiciens pour assurer des niveaux d’appui jamais vu auparavant sur une voiture à usage routier. La F80 atteint 1 050 kilos d’appui à 250 km/h, 450 kg rien que pour l’avant. Les solutions développées pour la 499P ont largement inspiré l’aérodynamique de la F80. Le soubassement est caréné et doté de dérives qui permettent d’évacuer l’air de manière efficace. Comme sur la 812 Competizione, le capot arrière est entièrement caréné et seules six ouïes permettent de dissiper la chaleur du bloc-moteur. 

La ligne n’est pas sans rappeler celle des sport-prototypes. Ferrari

Cœur de l’ouvrage, la mécanique provient de la 499P. C’est là toute la force de Ferrari de donner l’impression aux clients de la F80 qui piloteront une voiture échappée de la grille de départ du Mans. C’est si vrai que Maranello annonce que le conducteur sera installé dans une position allongée, similaire à celle de ses prototypes. Alors que la berlinette LaFerrari était animée par un V12 hybridé, la F80 embarque la technologie de la 499P. Points communs avec la voiture de course : l’architecture centrale arrière, le carter-moteur, la disposition et les chaînes d’entraînement du système de distribution, le circuit de récupération de la pompe à huile, les injecteurs et les pompes GDI. 

Les 963 chevaux du modèle précédent mais aussi les 1 030 chevaux du V8 turbo hybride rechargeable de la SF90 XX Stradale sont dépassés. Avec 1 200 chevaux, la F80 détient désormais le titre de la Ferrari de route la plus puissante de l’histoire. Ce niveau de puissance a pu être atteint en associant le V6 3 litres à 120 degrés à turbo électrique porté à 900 chevaux à trois machines électriques fonctionnant en 800V. À l’avant, on en trouve deux délivrant chacune 142 ch et à l’arrière une petite unité électrique de 81 ch de type MGU-K utilisée en F1. Cette dernière remplit trois fonctions : démarrer le moteur thermique, récupérer de l'énergie pour recharger la batterie haute tension de,28 kWh et compléter le couple du moteur dans certaines conditions dynamiques. Il peut générer jusqu'à 70 kW en mode régénération et assister le moteur thermique avec une puissance allant jusqu'à 60 kW. 

L’ergonomie du poste de pilotage a été particulièrement soignée. Ferrari

Le six-cylindres en V est associé à une boîte automatique F1 à double embrayage à 8 rapports. La courbe de couple, c’est nouveau, peut être étalonnée à chaque rapport. 

Le châssis bénéficie d’une suspension active reposant sur quatre moteurs électriques de 48V faisant varier chaque amortisseur «Inboard» indépendamment et contribuant à la correction de l’angle de carrossage. Autour d’une cellule monocoque et du toit en fibre de carbone, la F80 recourt à l’aluminium pour les sous-châssis fixés à la coque par des vis en titane. À l’instar de la Enzo et la Ferrari, les portes s'ouvrent en élytre. Le poids de la voiture ressort à 1 525 kilos, sans les fluides. 

Comme dans le prototype 499P, le cockpit répond à l’architecture 1+, c’est-à-dire que les deux baquets sont dans une position asymétrique mais très rapprochée. Au final, les performances se rapprochent un peu plus d’un sport-prototype. Les 200 km/h sont atteints en 5,6 secondes. Pour mémoire, la F40 abattait les 100 km/h en 4,4 secondes et passait le cap des 200 km/h en 11,6 secondes. 

Les portes sont à ouverture en élytre. Ferrari