REPORTAGE. "Cette exposition vient au bon moment" : l'affaire Dreyfus, objet d'une exposition à Paris
Le musée d’art et d’histoire du judaïsme, à Paris, consacre une exposition à Alfred Dreyfus. 250 documents et une soixantaine d’œuvres d’art racontent l’homme et la machination judiciaire dont il fut victime.
Un homme combatif, pour qui "l'honneur était capital"
Revenir sur l’affaire Dreyfus, 20 ans après une première exposition, s’est imposé comme une nécessité pour Paul Salmona, le directeur du musée d’art et d’histoire du judaïsme. "Il y a quelques années, Eric Zemmour a évoqué les doutes qu'il aurait sur l'innocence de Dreyfus. Là, vraiment, on est dans l'abjection. Il n'y a évidemment aucun doute sur l'innocence de Dreyfus. L'affaire est parfaitement documentée, et cette exposition est une forme de réponse."
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L’exposition chronologique raconte l’affaire, l’époque dans laquelle elle éclate, mais aussi l’homme Alfred Dreyfus, celui qui, malgré l’enfermement, reste combatif, comme en témoignent ses écrits. Des citations accompagnent le visiteur tout au long de l’exposition. Pour son petit-fils, Charles Dreyfus, 98 ans, il est important de rappeler qui était son grand-père.
"On dit souvent qu'il ne s'est pas défendu, or c'est absolument faux."
Alfred Dreyfusà franceinfo
"On voit à quel point il était conscient de cette affaire, conscient que l'origine de l'affaire était l'antisémitisme. L'honneur, pour lui, c'était capital. Il souhaitait que son nom soit porté par ses enfants, sa famille, avec fierté et non pas avec honte", tient à souligner Charles Dreyfus.
Des dessins de Feuillet exposés pour la première fois
Documents, photos, films, peintures, dessins et objets nourrissent le récit. "Nous sommes dans un espace consacré à la dégradation de Dreyfus et le musée conserve justement une partie des galons qui ont été dégrafés de l'uniforme à l'occasion de cette cérémonie qui était une sorte de mise en scène, de théâtralisation, comme une exécution", rappelle Isabelle Cahn, une des deux commissaires de l’exposition.
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Des dessins, réalisés lors du procès de 1899 à Rennes par Maurice Feuillet, ont été acquis il y a quatre ans par le musée et sont présentés pour la première fois. "Nous en montrons une sélection. Ce sont des dessins pris sur le vif qui ont cette qualité de nous présenter ces personnalités en action. Ce qui est frappant aussi, c'est l'attention portée aux détails, aux costumes, attitudes, rien n'échappe à l'oeil de Maurice Feuillet." Pour Charles Dreyfus, garder en mémoire ce qu’a été l’affaire Dreyfus est essentiel : "Cette exposition vient au bon moment, pour rappeler à quoi peuvent aboutir ces vagues d'antisémitisme."