56 ans après le crash de la caravelle Ajaccio-Nice, l’Élysée ravive l’espoir de connaître enfin la vérité

Le Figaro Nice

C’est un chemin de croix qui dure depuis plus d’un demi-siècle et qui pourrait prendre fin sous l’impulsion du président de la République lui-même. Voilà 56 ans que les proches des 95 victimes du crash de la caravelle Ajaccio-Nice, qui s’était abîmée au large du cap d’Antibes le 11 septembre 1968, attendent de connaître la vérité. L’association constituée en ce sens et leurs deux conseils ont été reçus mercredi après-midi à l’Élysée par le conseiller spécial et ancien directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda

«Je crois qu’on est à un tournant du dossier, tant sur le plan judiciaire que politique», rapporte Maître Philippe Soussi, l’un des avocats. Le 9 septembre dernier, avec son confrère Paul Sollacaro, ils avaient écrit à la juge d’instruction pour lui demander qu'une mission de repêchage des restes de l'appareil soit organisée, ou qu'au minimum des prises de vues sous-marines soient réalisées. Une opération coûteuse déjà refusée par deux fois aux parties civiles mais qui pourrait leur offrir la pièce manquante du puzzle, celle confortant la thèse d'un tir de missile non armé qui aurait percuté par l'arrière l'un des réacteurs de la caravelle. Un secret d'État qui aurait été occulté - les familles de victimes et leurs conseils en ont la conviction - par les autorités afin d'éviter le scandale. 

Une étude de faisabilité

«Patrick Strzoda nous a relu les mots d’Emmanuel Macron  qui, dès 2017, avait demandé que tous les moyens soient mis en œuvre pour la manifestation de la vérité, explique Mathieu Paoli, le président de l’association de victimes, lui-même proche de disparus. Il a ensuite relevé toutes les informations qu’on lui a données en matière de coûts, de moyens et de délais concernant l’opération de repêchage afin qu’il les fasse remonter au président. Il s’est montré très attentif et à l’écoute». Sur ce point, un expert doit être saisi prochainement afin qu’une étude de faisabilité soit réalisée.

Du reste, ce n’est pas la première fois qu’un tel rendez-vous est organisé rue du Faubourg Saint Honoré. En 2019 déjà, association et avocats avaient été entendus dans les salons de la présidence de la République. «Il n’y a pas photo entre les deux rendez-vous ! La première fois, il était encore question du secret-défense, il n’y avait rien à faire. Les choses sont bien différentes aujourd’hui et c’est pour le mieux», soutient Mathieu Paoli. «Oui, il y a une volonté politique d’aller au bout des choses», confirme Me Soussi. Et Me Sollacaro d’ajouter : «Concrètement, cela pourrait passer par un déblocage important de fonds mais aussi un appui considérable»

Le 31 octobre, les deux avocats seront reçus par le procureur de la République de Nice Damien Martinelli pour un point d’étape sur le dossier. Le magistrat leur a déjà fait savoir dans des réquisitions rendues au début du mois qu’il était favorable à l’opération sous-marine demandée. «Le procureur va même plus loin. Il arrive au même constat que nous sur le fait qu’il est évident que des manœuvres des autorités militaires de l’époque ont eu lieu pour dissimuler la vérité», conclut Paul Sollacaro, confiant.