Recyclage des matières premières : l’Union européenne marque le pas
Les ambitions européennes en matière de protection de l’environnement seront-elles bien tenues ? Alors que les États membres sont appelés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines années, les efforts des capitales sont scrutés de près. Parmi les leviers activables pour atteindre cet objectif, le recyclage des matières premières marque pourtant le pas, selon une estimation d’Eurostat.
D’après un communiqué du service statistique européen publié ce mercredi 13 novembre, la proportion de matériaux recyclés - du béton, de l’acier, par exemple - utilisés en Europe n’évolue qu’à la marge, depuis cinq ans. Passé à 11,6% en 2019, ce taux a été «affecté par la pandémie de COVID-19», d’après les précédents communiqués de l’institution, et est retombé à 11,1% en 2021. Il est, depuis, remonté à 11,5% en 2022, avant de progresser très légèrement de 0,3 point de pourcentage, l’année suivante, atteignant 11,8%.
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Une filière européenne trop peu compétitive
La France, de son côté, descend dans ce palmarès. Son «taux de circularité» - c’est-à-dire la part de matières premières recyclées utilisée dans sa production industrielle - est passé de 20% à 17% entre 2021 et 2023. «Nos voisins européens sont, pour la plupart, assez en avance sur la question du recyclage», explique Hugo Conzelmann, responsable des affaires publiques et juridiques à l’Institut national de l’économie circulaire (INEC), association de droit privé. «La France, qui est passée de la 3e à la 6e place du classement, est historiquement un mauvais élève», ajoute-t-il. Paris se place notamment derrière la Belgique (19,7%), l’Italie (20,8%), et les Pays Bas (30,6%) qui dominent habituellement le classement. Cette nation dispose en effet d’une filière industrielle de recyclage très développée, tout comme l’Italie, dont les investissements, ces dernières années, maintiennent le pays à la seconde place du classement européen.
Cet écosystème européen sera-t-il suffisant pour atteindre l’objectif de 23,2% en moyenne dans l’UE, fixé par la Commission européenne en 2020 pour 2030 ? Si l’Union a nettement progressé depuis 2004, la pandémie semble avoir mis un coup d’arrêt aux efforts de l’industrie européenne du recyclage. «Depuis le COVID, nous avons une vague de matières premières, vierges ou recyclées, en provenance de Chine. Cela déstabilise les filières de recyclages [européennes] déjà en place», observe Hugo Conzelmann. D’après un rapport d’Eurostat de 2023, les importations de matières premières chinoises ont bondi de 9 à 11,1 milliards d’euros entre 2020 et 2021. Elles se sont depuis stabilisées autour de 10,6 milliards d’euros.
Mais elles ne sont pas les seules responsables du manque de compétitivité du recyclé «made in Europe». Sur la même période, les importations de matières premières en provenance des États-Unis sont passées de 9,6 à 11,7 milliards d’euros, et celles en provenance de Russie ont enregistré une hausse de 5 à 7,3 milliards. De quoi freiner le développement de la filière européenne.