Stellantis : trois questions sur l'indemnité de départ de 12 millions d'euros que va toucher Carlos Tavares, l'ancien patron du groupe automobile

Près de 23,1 millions d'euros : tel est le montant total de la rémunération versée l'an dernier à Carlos Tavares, selon les chiffres communiqués vendredi 28 février par Stellantis, dans son rapport annuel. Soit une baisse de 37% par rapport à 2023. Mais l'ancien directeur général du groupe automobile (2021-2024, il était PDG de PSA entre 2014 et 2021), issu de la fusion entre le Français PSA et l'Italo-américain Fiat-Chrysler, va également toucher environ 12 millions d'euros supplémentaires, après avoir été poussé à la démission en décembre. Un montant qui a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

1 Comment expliquer cette indemnité de départ ?

Le montant de cette indemnité, très élevée, reste cependant loin de certaines rumeurs évoquées peu après son départ, qui faisaient état de 50, voire 100 millions d'euros. Le groupe Stellantis explique que ces 12 millions d'euros découlent de la simple application du droit, sans négociation particulière. Ce montant se décompose en deux millions d'euros d'indemnité de départ, correspondant à ce que prévoit la loi néerlandaise, le siège de Stellantis étant à Amsterdam. Ce qui laisse toutefois entendre que Carlos Tavares n'a pas démissionné, comme cela avait été annoncé en décembre, mais plutôt démis de ses fonctions.

À cette indemnité s'ajoute une prime de dix millions, prévue dans son contrat, pour avoir atteint une partie des objectifs qui lui avaient été fixés par Stellantis. Il s'agit notamment de la mise en place d'une plate-forme de production de voitures électriques avec des batteries à haute capacité, les modèles dits "long range", disposant d'une autonomie d'environ 700 km. Parmi ces voitures, il y a les Peugeot e-3008 et e-5008 fabriquées à Sochaux et commercialisées depuis quelques mois. En clair, résume-t-on chez Stellantis, "pas de bonus ni de cadeau".

2 Comment réagissent les syndicats ?

La CFDT Stellantis a publié un communiqué dénonçant des "adieux indécents". "On espérait un réveil éthique, mais non, comme toujours c'est l'appât du gain qui l'emporte, écrit le syndicat dans le communiqué. Difficile à avaler au lendemain d'une négociation salariale très difficile où la nécessité de rester raisonnable et le besoin de prudence ont été inlassablement répétés." La rémunération de l'ancien patron, l'une des plus élevées dans l'industrie automobile, a souvent fait l'objet de polémiques en France.

3 La page Carlos Tavares est-elle tournée chez Stellantis ?

L'heure semble à la "reconnexion", le maître mot désormais chez Stellantis, avec les concessionnaires, les clients, mais aussi les fournisseurs. Le sous-entendu est qu'il y avait donc avant une "déconnexion" de la part de Carlos Tavares. C'est aussi une allusion aux résultats 2024 du groupe relativement décevants, qu'il avait fallu réviser au dernier moment en septembre. Carlos Tavares apparaissait jusque-là comme un magicien de l'automobile, qui avait permis à Stellantis de dégager en 2022 et 2023 des marges opérationnelles record, cet indice qui mesure la rentabilité, autour de 13%. Soit deux fois plus qu'en 2024.