Les partisans d’Israël et les militants propalestiniens se faisaient face devant le Roy Thomson Hall, dans le centre-ville de Toronto. Mercredi, The Road Between Us : The Ultimate Rescue, documentaire sur le drame du 7 Octobre, a été projeté en avant-première, sous forte présence policière, dans le cadre du Festival du film de Toronto, manifestation canadienne majeure consacrée au 7e art. Devant 2 000 spectateurs, le directeur général de la manifestation, Cameron Bailey, a fait son mea culpa.
« Je tiens à présenter mes excuses, en particulier à la communauté juive, pour les erreurs que j’ai commises jusqu’à aujourd’hui », a-t-il déclaré, reconnaissant que le festival, qui se tient du 4 au 14 septembre, avait mal géré le processus de sélection du film. Les organisateurs l'avaient déprogrammé le mois dernier, évoquant la crainte de débordements et un manque de « clarté juridique » autour des images de caméras corporelles du Hamas, utilisées dans le film. Avant de le réintégrer face aux accusations de censure.
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Passer la publicitéDe Tel Aviv au kibboutz Nahal Oz
Cameron Bailey avait démenti des informations selon lesquelles le réalisateur Barry Avrich aurait été invité à obtenir les droits d'utilisation des images. « À aucun moment nous n'avons demandé d'obtenir l'autorisation ou l'accord du Hamas, une organisation terroriste », a-t-il déclaré au quotidien canadien Globe and Mail. « C'est bien sûr quelque chose que nous ne ferions jamais. »
Le film retrace le voyage de Noam Tibon, général israélien à la retraite, de Tel Aviv à Nahal Oz. Un kibboutz situé à la frontière avec Gaza, où son fils, sa belle-fille et ses deux petites-filles se sont cachés dans une pièce sécurisée après l'entrée des terroristes. « Ce n'est pas vraiment un film politique. Il est enveloppé dans le drapeau d'une famille, pas d'un pays », a précisé à son réalisateur Barry Avrich.
«Un autre point de vue»
Devant la salle, Bassem Ramli, un Canadien d’origine palestinienne, explique à l'AFP qu'il ne s'oppose pas spécifiquement au contenu du film, mais à la décision du festival d’autoriser l'ancien officier à fouler son tapis rouge. « Cette personne ne mérite pas d'être célébrée comme un héros, encore moins en ce moment », allègue cet homme de 39 ans, qui dresse un parallèle avec la Russie. « Serait-il acceptable, par exemple, qu'un général russe de haut rang soit actuellement célébré comme un héros ? »
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Agitant un drapeau israélien devant le cinéma, Jeffrey Raphael fond en larmes lorsqu'on l’interroge sur la colère suscitée chez certains par la projection. « Je comprends que le festival donne la parole aux Palestiniens, mais pourquoi ne pouvons-nous pas entendre d'autres points de vue ? », affirme cet homme de 55 ans. Noah Shack, le directeur du Centre consultatif des relations juives et israéliennes du Canada, avait appelé les habitants de la région à se rendre nombreux à la projection afin de manifester leur soutien.