Le recteur de la Grande Mosquée de Paris saisit l’Arcom après les propos de Nathalie Saint-Cricq sur le «vote musulman»

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a annoncé dimanche saisir l’Arcom, jugeant «extrêmement graves» les propos tenus par Nathalie Saint-Cricq sur Franceinfo mercredi 3 décembre lors d’une interview d’Alexis Corbière. La séquence portait sur les accusations d’antisémitisme visant régulièrement La France insoumise, désormais quittée par le député dissident, fondateur du mouvement politique L’Après.

Interrogé sur ce sujet, Alexis Corbière déclarait : «L’antisémitisme est chose sérieuse. Il existe dans le pays.» Nathalie Saint-Cricq avait alors enchaîné : «Et la quête du vote musulman aussi.» Une remarque qui avait immédiatement provoqué la réaction du responsable politique : «Quel est le rapport ?», lui a-t-il demandé, avant de la presser de préciser si elle estimait que certains élus tenaient des propos antisémites pour séduire l’électorat musulman. «Ah oui», a répondu la journaliste, évoquant «des études» avant d’être interrompue. «Je trouve ça intolérable. Les musulmans n’ont pas besoin qu’on leur tienne des propos antisémites pour qu’ils votent pour quelqu’un», avait répliqué Alexis Corbière. Nathalie Saint-Cricq avait ensuite précisé qu’elle ne visait pas «les musulmans» mais «ceux qui croient (...) qu’en leur disant des propos antisémites on va pouvoir les rallier. Ce n’est pas du tout pareil.»

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Dans un message publié sur X, le recteur a dénoncé la séquence : «Les déclarations de Nathalie Saint-Cricq sont extrêmement graves. Je vais signaler à l’Arcom (...) Comment peut-on tenir de tels propos !» La polémique a également enflammé une partie de la gauche : Jean-Luc Mélenchon, Antoine Léaument, Manuel Bompard ou encore Olivier Faure ont dénoncé des propos jugés islamophobes et «graves».

«Je considère que je n’ai pas tenu de propos islamophobes»

Contactée par Le FigaroNathalie Saint-Cricq se dit abasourdie : «Je suis extrêmement étonnée, c’est complètement caviardé. Je n’ai pas dit qu’il fallait être antisémite pour avoir le vote musulman, mais que LFI croyait dans sa quête du vote musulman qu’il fallait l’être. Il faut écouter toute la vidéo. C’est une manipulation politique pour enflammer les foules.» Elle ajoute : «Je m’insurge de ce qui se passe sur X : quand on a décidé de se payer quelqu’un, on ne prend qu’un extrait.»

Accusée d’islamophobie, la journaliste du service public réfute fermement : «Je considère que je n’ai pas tenu de propos islamophobes. Je me basais sur des études, notamment le sondage de l’IFOP montrant que plus de 60% des musulmans français avaient voté pour la liste de La France Insoumise aux élections européennes 2024. S’il y a une campagne pour me faire virer, ils font leur campagne, mais moi j’ai mes arguments et après, les gens verront. » Selon elle, la séquence entière montre que son raisonnement visait la stratégie imputée à LFI : «Le cheminement intellectuel devant Alexis Corbière, c’était : “est-ce que vous ne vous sentez pas mieux depuis que vous avez quitté LFI quand on voit ça ?”»

Nathalie Saint-Cricq assure également vouloir clarifier directement les choses avec Chems-eddine Hafiz : «Je vais aller voir aujourd’hui le recteur de la Grande Mosquée. Il vient enregistrer une émission sur la laïcité. Je vais lui montrer l’entièreté de la vidéo et il verra que ce qu’on dit sur moi est totalement faux.»