Guerre en Ukraine : que sait-on des conditions de la Russie pour un cessez-le-feu ?

Les émissaires de Donald Trump ne sont pas encore arrivés en Russie que le Kremlin indique déjà rejeter la version du cessez-le-feu établie par Washington et Kiev. Celle-ci consistait à un arrêt des combats pour une durée de 30 jours, les États-Unis réclamant de Moscou une trêve «sans conditions» préalables en gage de bonne volonté. Jusqu’ici, la Russie a toujours refusé de faire taire les armes sans une reddition complète de l’Ukraine.

Mais un cessez-le-feu temporaire donnerait «un répit» à l’Ukraine, a estimé ce jeudi le Kremlin, signifiant par là son refus de l’accepter. Yuri Ushakov, le conseiller en politique étrangère de Vladimir Poutine, a déclaré ce jeudi à la télévision d’État que Moscou souhaitait un règlement à long terme tenant compte de ses intérêts. Pour le Kremlin, le cessez-le-feu de 30 jours proposé au terme des discussions entre Washington et Kiev ne serait «rien d’autre qu’un répit pour les troupes ukrainiennes». Vladimir Poutine avait déjà déclaré à plusieurs reprises exclure un cessez-le-feu à court terme. «Nous n’avons pas besoin d’une trêve, nous avons besoin d’une paix durable, garantie par des garanties pour la Fédération de Russie et ses citoyens», déclarait-il en décembre.

Refus de troupes européennes en Ukraine

Le conseiller Yuri Ushakov a affirmé jeudi avoir exposé la position russe au conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, lors d’un appel mercredi. Il a signifié à cette occasion que tout règlement du conflit devrait «tenir compte des intérêts» et des «préoccupations» de Moscou. Quelles sont ces exigences, listées par le Kremlin à l’attention de Washington ? Deux sources proches du dossier ont indiqué à Reuters qu’il s’agissait de conditions similaires aux précédentes déclarations du Kremlin. D’abord, la non-adhésion de Kiev à l’OTAN. Pour Moscou, l’Ukraine doit officiellement abandonner ses ambitions pour rejoindre l’alliance transatlantique.

Les sources de Reuters citent également comme condition la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et sur quatre régions ukrainiennes. Kiev devrait retirer ses troupes de l’ensemble de ces provinces majoritairement contrôlées par l’armée russe après trois ans de combats : Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson. Pour Moscou, ces quatre régions font désormais intégralement partie de la Fédération de Russie.

La Russie refuse également l’envoi de soldats de la paix européens en Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a également déclaré aux médias russes mardi exclure toute présence de troupes membres de l’OTAN sur le sol ukrainien «sous quelque drapeau et à quelque titre que ce soit». Jeudi, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a déclaré que cela serait interprété comme un «conflit armé direct» avec Moscou. «Nous répondrions par tous les moyens disponibles», a-t-elle déclaré à la presse.

En tout état de cause, des sources russes ont expliqué à Reuters que tout accord devrait tenir compte des avancées russes sur le terrain. «Poutine est en position de force car la Russie progresse», a souligné une source russe de haut rang.