Vatican : quand le pape François révélait les coulisses de l'élection de Benoît XVI
L'élection du pape est en principe soumise au secret absolu. Mais François était venu, en avril 2024, lever une large partie du mystère sur celle de 2005, qui a vu l'élection de son prédécesseur, Benoît XVI.
Le pape François, populaire chez les fidèles mais confronté à une farouche opposition au sein même de l'Eglise catholique, est mort lundi 21 avril au Vatican à l'âge de 88 ans, un mois après avoir été hospitalisé pour une sévère pneumonie.
Désormais, c'est donc toute l'organisation ancestrale qui va prendre place place Saint-Pierre : après la mort du pape François, c'est le cardinal camerlingue qui s'occupera des affaires courantes, tandis qu'une constitution stipule notamment la durée des obsèques, neuf jours, et le délai pour organiser un conclave qui élira un nouveau souverain pontife (15 à 20 jours). Le mot "conclave" vient du latin "cum clave" ("avec une clé"). Les cardinaux sont en effet enfermés dans la chapelle Sixtine, et les bulletins de vote sont soigneusement brûlés au fil des tours de l'élection.
"C'est l'heure de Benoît XVI"
Mais les hommes en rouge, comme les autres, se laissent parfois aller à des confidences. Et surtout le pape François lui-même n'est pas tenu par ce secret. Il le rappellait dans un livre d'entretiens avec un vaticaniste espagnol, paru en avril 2024, et qui permet de reconstituer le puzzle. Dans ce livre, François révélait ainsi avoir favorisé l'élection de Benoît XVI, en 2005.
Lors ce conclave, l'Allemand, classé conservateur, était en avance mais ne rassemblait pas les deux tiers des voix nécessaires pour être élu. Mais l'Argentin, classé progressiste, recueillait suffisamment de suffrages (40 sur 115) pour bloquer l'élection. Et il confie avoir alors eu la conviction que c'est que voulaient une partie des cardinaux pour favoriser l'émergence d'un troisième homme : un Italien. Ils ne voulaient pas "d'étranger", dit François, qui n'a jamais aimé cette curie où les prélats italiens se sentent chez eux. Et il s'est senti manipulé. Alors, il est intervenu pour dire en substance : "Je ne veux pas être pape, c'est l'heure de Benoît XVI". C'est ainsi que le cardinal Ratzinger est devenu le pape Benoît, le 19 avril 2005.
Des funérailles plus simples
À travers cette histoire, le pape François glissait ainsi aux conservateurs : "Je ne suis pas votre adversaire en toutes circonstances". D'ailleurs, dans le livre consacré à ses relations avec le pape Benoît, il ne le dépeignait pas comme un conservateur. Une façon d'atténuer les caricatures.
Il révèlait par ailleurs, dans ces entretiens, avoir réformé les funérailles des papes pour que les siennes soient plus simples. Il a déjà dit ne pas vouloir être enterré à Saint-Pierre, comme la plupart de ses prédécesseurs, mais près de la gare de Rome, dans une basilique qui lui est chère : Sainte-Marie Majeure. Autrement dit : il voulait continuer les réformes par touches successives, d'affiner les particularités de son pontificat. Mais sans oublier l'unité de l'Église. L'une des responsabilités majeures d'un pape.