« Une aura inexorablement sinistre » : La critique américaine se paie Rust, le western damné avec Alec Baldwin

Endeuillé par la mort accidentelle de la directrice de la photographie Halyna Hutchins sur le tournage du film en 2021, Rust  sort ce vendredi 2 mai dans les salles américaines. Cet événement a pour le moins déstabilisé la presse américaine, conquise par la qualité des images, mais rattrapée par le passé tragique du film. En France, aucune date de sortie n’a encore été annoncée.

Outre-Atlantique, le site d’actualité Deadline  rappelle qu’« aucun film ne vaut la perte d’une vie » et admet qu’il est « compliqué de regarder un long-métrage avec un passé aussi tragique ». Nos confrères du Wrap  écrivent, eux aussi, qu’il est « presque impossible de critiquer Rust car, à bien des égards, le film lui-même ne semble pas pertinent ». « Nous ne pouvons pas prétendre qu’il est un long-métrage parmi d’autres et, en tant que tel, le juger facilement par le simple fait de le regarder », ajoute le média américain. Et l’auteur de développer « L’implication même est macabre. Mais elle a un impact et confère au film une aura inexorablement sinistre. » The Wrap exprime aussi sa difficulté à « séparer l’art de l’artiste et, par extension, l’art du contexte de sa création ».

Même discours du côté du New York Times, où le critique qualifie Rust de « western d’époque empreint de mort », qui ne peut être visionné « sans penser à la catastrophe qui s’est produite sur le plateau pendant le tournage ». « Sa sortie ne justifie pas une critique, écrit-il. Il ne s’agit plus d’un film ordinaire, mais plutôt d’une coda profondément déprimante d’une tragédie épouvantable et entièrement évitable. » Le Guardian  remarque à son tour un « sentiment macabre » dans une scène où Alec Baldwin « tire des coups de pistolets », sombre écho au drame survenu en 2021.

La « photographie magnifique » d’Hutchins

En plus de pâtir d’une ambiance morose, Rust présenterait quelques défauts artistiques selon la presse américaine. Le Hollywood Reporter  écrit que c’est « un projet de belle facture », mais qu’il peine à faire ressentir des « choses ». Le journal ajoute que « la performance de Baldwin est sombre, peut-être alourdie par les événements survenus sur le plateau de tournage »Variety  regrette que l’« histoire repose sur trois bouts de ficelle, et s’éternise sans aucune bonne raison valable pendant 2 heures et 19 minutes ». The Wrap déplore une forme de « surjeu » avec un « dialogue sincère à la base, archaïque dans son articulation, et qui donne une histoire moins résonnante qu’elle ne devrait l’être ».

« Si l’on pouvait le regarder hors contexte, ce ne serait qu’un western de plus », assène le critique. Le New York Times, lui, regrette que « le cinéma américain » soit « imprégné de violence » avec, dans Rust, des « personnages qui se tirent constamment dessus, à bout portant ».

La cinématographie d’Halyna Hutchins, qui s’appuie sur le travail de Bianca Cline, est peut-être ce qu’il y a de mieux dans Rust

Variety

Dans ce tableau très sombre, apparaît toutefois un semblant de lumière. La presse américaine s’accorde sur la qualité de l’image et félicite le travail de la défunte directrice de la photographie et de son successeur Bianca Cline. « Dans un paradoxe tout aussi inconfortable, Halyna Hutchins est le sauveur du film, remarque le Guardian. Sans son travail, il ne vaudrait pas la peine d’être vu.» Le journal ajoute que « la cinématographie est magnifique » et qu’elle « montre à quel point Hutchins était forte dans son travail ». Deadline vante les mérites de la « magnifique photographie de l’Ouest américain de Hutchins ». Variety partage cette opinion : « La cinématographie d’Halyna Hutchins, qui s’appuie sur le travail de Bianca Cline, est peut-être ce qu’il y a de mieux dans Rust. »

Relaxé en juillet 2024

L’acteur principal du film, Alec Baldwin, avait été poursuivi par la justice américaine pour homicide involontaire après avoir tiré avec une arme à feu censée être chargée à blanc sur le réalisateur Joel Souza et la directrice de la photographie Halyna Hutchins en 2021.

Il a finalement été relaxé en juillet 2024 pour vice de procédure et la responsabilité a été attribuée à l’armurière du film Rust, Hannah Gutierrez-Reed, qui a plaidé non coupable d’homicide involontaire, mais a été condamnée à 18 mois de prison pour falsification de preuves.


Bande-annonce de Rust  (2025)