La Maison Blanche met un terme à la lutte contre la désinformation étrangère et critique l’Union européenne

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé mercredi 16 avril la fermeture du service chargé de contrer la désinformation étrangère, tout en disant défendre la liberté d’expression, qu’il estime mise en péril en Europe.

La fermeture du service de Lutte contre la manipulation de l'information et les ingérences étrangères (Counter Foreign Information Manipulation and Interference) survient au moment où des experts mettent en garde contre le risque de campagnes de désinformation de la part de la Chine et de la Russie.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain a justifié la fermeture de ce service par la nécessité de "défendre la liberté d'expression des Américains".

"Sous l'administration précédente, ce service, qui coûte chaque année plus de 50 millions de dollars au contribuable, a dépensé des millions pour faire taire les voix d'Américains qu'il était censé défendre", a accusé Marco Rubio.

"Défendre la liberté d'expression"

Dans un entretien accordé au site Foundation for Freedom Online et diffusé par son ministère, Marco Rubio a indiqué que les fonds économisés par la fermeture de ce service serviraient à "diffuser un message pro-américain" visant à "défendre la liberté d'expression, qui est menacée dans le monde entier, y compris dans des pays alliés".

Marco Rubio n'a cité ni Pékin ni Moscou parmi les menaces à la liberté d'expression, mais évoqué des "cas" non précisés en Europe occidentale "où des gens postent quelque chose en ligne et puis la police frappe à la porte et vous allez en prison 60 jours".

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"Si un pays, ou un groupe de pays dans le cas de l'UE (...), s'en prend à des Américains pour leur propos, ça devient une source d'irritation pour les États-Unis et même plus que ça", a-t-il dit.

"Cela empêche de coopérer (...) s'ils s'en prennent non seulement à quelqu'un de connu comme Elon (Musk), mais à n'importe qui", a averti Marco Rubio, faisant référence à l'avertissement lancé l'an dernier par la Commission européenne au patron de X, qui s'apprêtait à interviewer Donald Trump sur son réseau.

"Cela pourrait aboutir à menacer (...) potentiellement des hauts responsables aux États-Unis", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, Marco Rubio a indiqué que l'administration Trump soulevait la question de la liberté d'expression dans ses entretiens avec des dirigeants européens. "Vous allez voir que nous continuons à mettre l'accent là-dessus dans notre diplomatie", a encore Marco Rubio, qui se rend à Paris pour des discussions sur l'Ukraine.

Le "pire censeur au sein de l'État américain", selon Elon Musk

L'annonce du département d'État survient à une période où la diplomatie américaine est censée proposer de couper son budget de moitié.

Le service d'anti-désinformation, fondé en 2016 sous le nom de "Global Engagement Center" (GEC), est depuis longtemps dans le collimateur des élus républicains, qui ont bloqué son budget fin 2024.

Le service a également été épinglé par Elon Musk, qui avait qualifié le GEC de "pire censeur au sein de l'État américain" et de "menace pour la démocratie".

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Le service avait démarré quelques mois avant la première élection de Donald Trump, qui avait été marquée par des accusations d'ingérence russe.

Un rapport de 2019 du procureur spécial Robert Mueller avait notamment établi que l'État russe s'était "immiscé dans l'élection présidentielle de 2016 de façon systématique", ce que Moscou a toujours démenti.

Le ministère de la Justice a fermé, depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, une unité de la police fédérale (FBI) de lutte contre les ingérences étrangères dans les élections aux États-Unis.

Avec AFP