PSG : Nuno Mendes, le beurre et l’argent du beurre

Comme un grand. Avant la double confrontation face à Liverpool, l’une des questions était de savoir comment le PSG se dépêtrerait du dossier Mo Salah. Interrogés par nos soins avant la première manche, les consultants Canal+ Bruno Cheyrou et Christophe Jallet misaient sur Nuno Mendes, dont «les qualités physiques et d’appui» devaient lui permettre «d’embêter» l’Égyptien de 32 ans «et ne pas être pris au dépourvu», comme le devinait le premier nommé. «Mendes a des qualités qui se rapprochent de celles de Salah», relevait le second, soulignant que le Portugais «va très vite. Ce n’est pas le meilleur de la planète en termes de qualités de défenseur pur, mais son explosivité peut lui permettre de rattraper des coups». Sauf que l’ancien du Sporting CP a fait mieux «qu’embêter» le Pharaon des Reds. Et que ses «qualités de défenseur pur» sont bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer.

N’oubliant pas de se montrer percutant avec le ballon, sur des montées énergiques ou des passes longues, voire des frappes, Nuno Mendes a fait vivre un calvaire à Mohamed Salah. Pas une, mais deux fois. Sur les deux rencontres, il a dévoré l’ancien joueur de Chelsea en un contre un. Une authentique masterclass. Sur les 10 premières minutes du match retour, Salah a pensé prendre le dessus. C’est tout. Sauvetage sur la ligne, retour brillant, anticipation… Mendes a tout fait à celui que beaucoup voyaient comme le numéro 1 dans la course au Ballon d’or, un joueur qui a inscrit 32 buts et délivré 22 passes décisives depuis le début de saison. Et qui réalise d’ailleurs selon sa propre évaluation sa meilleure campagne. Un fantôme contre Mendes et le Paris-SG. «Je n’ai jamais un défenseur prendre au marquage Mo Salah comme Nuno Mendes l’a fait», confirme Julien Laurens, spécialiste du football britannique, sur RMC. Une vraie révélation pour ce garçon dont on louait surtout les qualités de contre-attaquant jusqu’ici.

Prolongation jusqu’en 2029

Le tout en admettant que l’intéressé pouvait avoir quelques trous d’air sur le plan défensif. S’il est aussi performant des deux côtés du terrain, ça va devenir monstrueux. Rappelons que le natif de Lisbonne n’a que 22 ans. Et tout l’avenir devant lui. Un avenir qui passera par Paris, où il a prolongé jusqu’en 2029 cet hiver après avoir longtemps fait durer le suspense en flirtant avec Manchester United. «Je suis content, je remercie le club et le président pour la confiance», disait-il après l’officialisation de son renouvellement. Beau bébé (1,83 m) au physique de sprinteur, très athlétique, souvent victime de pépins musculaires par le passé mais beaucoup moins ces derniers mois. Un joueur «déterminant dans le dernier tiers du terrain, avec son tir, sa vitesse», comme le souligne Luis Enrique. Mendes, c’est cinq buts et 15 passes décisives en 115 matchs à Paris.

Il n’a d’ailleurs pas encore trouvé le chemin des filets avec l’équipe du Portugal, en 33 sélections, lui qui rejoindra la Seleção après PSG-OM de ce dimanche (20h45, DAZN), lors de la 26e journée de Ligue 1. Et ce en compagnie de trois de ses coéquipiers en club, Vitinha, Joao Neves et Gonçalo Ramos. Toujours est-il que sur les aspects défensifs et la concentration, Mendes a tutoyé les étoiles face aux Reds et à Salah. Surtout face à Salah. Car il s’est déconnecté lors de la sortie du Pharaon à l’aller, laissant tout le loisir à Harvey Elliott de se présenter seul face à Gianluigi Donnarumma pour le but de la gagne. Heureusement pour le Paris Saint-Germain, sans conséquence pour la qualification. Le Portugais est d’ailleurs à la base de l’action qui amène le but parisien d’Ousmane Dembélé à Anfield.

J’essaie de défendre avant d’attaquer.

Nuno Mendes

Rappelons qu’en début de saison, Luis Enrique avait pris l’habitude de brider Nuno Mendes, lui demandant de rester dans le trio défensif lorsque Paris avait le ballon. «Je me sens bien, j’aime attaquer, on est tous préparés pour attaquer et pour défendre. Le coach nous met à un poste qu’il juge être le bon. Et nous, on essaie de faire de notre mieux», disait-il une fois sa liberté retrouvée. Achraf Hakimi encore plus libre ? «Oui, on a tous des consignes différentes, chacun a sa place, son rôle. J’ai le mien. Hakimi, lui, il monte, il descend… C’est le coach qui décide. Je fais ce qu’il me demande, je suis bien dans mon rôle», disait-il avant le double-confrontation face à Brest, en Ligue des champions. Et d’ajouter : «Je fais ce que le coach me demande. Je me sens bien quand j’attaque, quand je suis devant, mais pour bien attaquer, il faut défendre. J’essaie de défendre avant d’attaquer». Des propos qui prennent une autre dimension après la qualification face à Liverpool et ces prestations complètes de Nuno Mendes. Le beurre et l’argent du beurre.

Coup de génie de Luis Enrique ?

Finalement, ce sont peut-être aussi ces longues semaines lors desquelles Luis Enrique l’a cantonné à un rôle plus défensif qui ont permis au numéro 25 parisien de progresser dans ce domaine et de sortir ces deux matchs XXL. «Quand il attaque, il fait des différences, et j’espère lui apporter des choses positives pour progresser des deux côtés du terrain. C’est un top joueur», glissait astucieusement Luis Enrique il y a quelques semaines. A priori, la progression est validée. Dans un registre bien différent, le Paris Saint-Germain tient le successeur de Maxwell, qui a fait les beaux jours du club de la capitale de janvier 2012 à l’été 2017. Les décideurs parisiens ne se sont pas trompés en misant 45 M€ pour le recruter, en 2021. Et ils n’avaient peut-être même pas réalisé totalement l’ampleur de leur trouvaille à ce moment-là...