«Des hordes de pillards viennent dévaliser le supermarché gratos» : ce que Labrune a dit aux états généraux du foot français

Vincent Labrune contre-attaque. Présent aux états généraux du football français ce lundi au siège de la Fédération française, aux côtés notamment du président de la FFF Philippe Diallo et de la Ministre des Sports, Marie Barsacq, le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) s’est exprimé autour de la table au sujet de la crise des droits TV touchant la Ligue 1 et la Ligue 2. «Depuis cinq ans, nous enchaînons les crises», a d’abord lancé le patron de la LFP, ajoutant que «tous les diffuseurs successifs — Mediapro, Amazon, et désormais DAZN — ont rencontré des difficultés.» Le péché originel ? «Le choix de Mediapro au détriment de Canal +» qui est «la cause première des problèmes que traverse le foot français», a ajouté l’ancien président de l’Olympique de Marseille. Qui, rappelons-le, n’était pas en poste à la Ligue au moment du choix Mediapro, en mai 2018. À l’époque, c’était Nathalie Boy de La Tour qui assurait la présidence de la LFP. Avant le fiasco du groupe audiovisuel espagnol et l’arrêt de sa chaîne Téléfoot, en pleine saison, en février 2021.

«Urgence à changer la loi»

Concernant le diffuseur actuel, DAZN, Vincent Labrune a jugé «infondé» ses accusations «de ne pas ouvrir suffisamment» les clubs français qui «ont respecté leur part du marché». Et face «à la situation difficile» du diffuseur, le dirigeant a appelé à «faire encore plus pour les soutenir.» Cela passe par une réponse au piratage, «un fléau qui tue le modèle économique». «L’État ne peut pas d’une part appeler à une réforme du football et d’autre part rester les bras croisés lorsque des hordes de pillards viennent dévaliser chaque week-end le supermarché en consommant gratos, a-t-il dénoncé. Il y a donc urgence à changer la loi ! Je tiens à remercier le sénateur (Michel) Savin - et chacun sait que nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde !-, qui a mené un travail important avec sa proposition de loi.»

Et le président de la Ligue, très offensif, d’ajouter : «La réalité, c’est que la France a des années de retard par rapport à ses voisins européens en matière de lutte contre le piratage. Des pays comme le Royaume-Uni ou l’Italie ont mis en place des mesures de blocage en temps réel et ont durci les sanctions. À la Ligue, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir : nous mettons en place une stratégie judiciaire plus offensive, nous portons plainte, nous signalons les infractions. L’ARCOM nous répond faire le maximum …. Mais force est de constater que le résultat n’est pas au rendez-vous ! L’ARCOM évalue lui-même le préjudice pour les clubs professionnels à 130 millions d’euros. 130 millions d’euros ! La vérité, c’est que c’est sans doute encore plus.»

«DAZN semble avoir appris de ses erreurs originelles»

Par ailleurs, en réponse à la décision de DAZN de procéder à un paiement seulement partiel de son échéance de février (35 millions d’euros au lieu de 70), la LFP «a activé le fonds de réserve grâce à l’accord de CVC» et a convaincu la plateforme britannique de s’acquitter de son dû dans son intégralité après le lancement d’une «procédure en référé, des saisies conservatoires obtenues, et de la mise en jeu des garanties», a indiqué Labrune. «Dans un souci d’apaisement» et afin de «se concentrer sur le succès de DAZN, qui semble avoir appris de ses erreurs originelles», le groupe LFPMedias va participer, dans les prochains jours, à une médiation. L’objectif final étant de «mettre les bouchées doubles pour remonter la pente» avec le diffuseur, désormais «à jour de ses obligations», a encore déclaré le patron de la Ligue.

Avant de conclure, fermement, à propos de DAZN qui réclamait notamment à la Ligue 309 millions d’euros pour «tromperie sur la marchandise» : «Pour la parfaite compréhension de chacun, le contentieux initié par DAZN pour un montant de 573 millions d’euros est uniquement à nos yeux et à ceux de nos conseils un contre-feu allumé de façon grossière, reprenant l’essentiel des critiques déjà exprimées de leur part par ailleurs (piratage, support marketing défaillant de nos clubs, «tromperie» sur les chiffres d’abonnés au moment de la signature du contrat)... Alors que sur ce dernier point, ils ne peuvent ignorer la situation du marché dont ils sont des professionnels établis sur la place.»