Néfertiti, «la Joconde de Berlin», toujours au cœur d’une brouille entre l’Allemagne et l’Égypte
L'archéologue égyptien Zahi Hawass ne désarme pas dans la bataille face à l’Allemagne pour rapatrier le célèbre buste de la reine Néfertiti au Caire. L’ancien ministre des Antiquités clame depuis de nombreuses années que ce trésor de l’histoire de l’Égypte a été volé par l’Allemagne en 1912. Désormais bien décidé à agir concrètement, Il a lancé le 8 septembre une pétition pour le retour de ce patrimoine sur la terre des pharaons. Et à ce jour elle a déjà recueilli plus 4000 signatures.
« Il est temps qu'il revienne en Égypte », a-t-il écrit samedi 7 septembre dans un communiqué. Le buste pharaonique en calcaire et plâtre peint de Néfertiti a été découvert à Tell el-Amarna, à environ 300 kilomètres au sud du Caire, en 1912 par une mission archéologique allemande.
Néfertiti, épouse du pharaon Akhenaton
Amarna, ville dans laquelle l'objet désormais tant désiré par l'Égypte a été trouvé, fut la capitale édifiée par l’époux de Néfertiti, le pharaon Akhenaton de la 18e dynastie, qui régna jusqu'en 1335 av. J.-C. environ. Akhenaton, surnommé «le roi hérétique», avait en son temps vénéré le culte du dieu Aton à l'exclusion des autres dieux de l'Égypte. « Pour sa valeur historique, le buste de Néfertiti est sans équivalent », souligne l’archéologue égyptien.
À la suite de la mission archéologique, l’objet a été expédié à Berlin l'année suivante puis bientôt caché pendant la seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le buste a été transféré au musée égyptien de Berlin-Ouest et enfin transféré au Neues Museum, en 2009, dans une salle qui lui est dédiée. La reine est depuis considérée comme une icône, au même titre que la Mona Lisa peinte par Léonard de Vinci. La finesse de son cou et de ses sourcils, la hauteur de ses pommettes, les ridules autour de ses yeux et son sourire esquissé font d'elle un symbole de beauté. Si parfaite que certains ont cru à une vulgaire réplique. Une polémique alimentée par la publication d'un essai sur la question de l’historien genevois, Henri Stierlin.
Pour Zahi Hawass, Néfertiti et sa légende appartiennent aux rives du Nil. Dans sa pétition lancée samedi, il affirme que le buste a été retiré illégalement d'Égypte après sa découverte. Il précise que sa campagne ne se concentre que sur le rapatriement de « trois beaux objets principaux » dont le buste de Néfertiti, la pierre de Rosette et le zodiaque de Dendérah. Les responsables du Neues Museum de Berlin n’ont pas livré de commentaires.
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L’ancien ministre égyptien n’en est pas à sa première tentative. Depuis de nombreuses années, la sculpture qui est devenue un symbole culturel de Berlin déclenche régulièrement des polémiques entre les responsables culturels allemands et égyptiens. En 2009, Zahi Hawass menaçait déjà de rompre toute collaboration avec le musée allemand. En 2018, il réitérait sa demande lors d'une conférence donnée à São Paulo sous l'égide de l'ambassade d'Égypte au Brésil.
Le mystère du tombeau de la reine
Un pharaon pourrait en cacher un autre. En 2015, un égyptologue anglais exerçant à l'université d'Arizona, Nicholas Reeves avançait l’hypothèse que la tombe de Toutânkhamon recelait celle de Néfertiti, toujours introuvable. Une hypothèse établie à partir des scanners extrêmement détaillés de la chambre funéraire de celui qui fut le onzième pharaon de la XVIIIe dynastie.
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Quelques mois plus tard, le ministre Khaled Al-Anani des Antiquités égyptien prenait ses distances en assurant qu'il n'y avait « pas de certitude pour le moment ». Aujourd’hui, le mystère du tombeau perdu de la reine n’est toujours pas résolu.