Adolescents juifs débarqués par Vueling : «J’espère que cette compagnie fera faillite le plus rapidement possible», martèle l’ambassadeur israélien en France
L’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, n’a pas mâché ses mots. «Cette compagnie j’espère qu’elle fera faillite le plus rapidement possible», a-t-il dénoncé, ce matin sur TF1, à propos de Vueling, une compagnie aérienne espagnole. Quarante-sept mineurs et quatre moniteurs français de confession juive, membres d’une colonie de vacances avaient été expulsés du vol (VY8166) mercredi 23 juillet alors qu’il s’apprêtait à décoller en début d’après midi de Valence en Espagne, pour atterrir à Paris. En cause, «un groupe de passager adolescent[qui] a adopté une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol», selon un communiqué de Vueling publié le jeudi. Selon la compagnie, «ce groupe a manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes, en ignorant à plusieurs reprises les instructions du personnel de cabine».
En conséquence, le personnel navigant a «activé les protocoles de sécurité» et contacté la Guardia Civil. «Après avoir évalué la situation, il a procédé au débarquement du groupe afin de garantir la sécurité du reste des passagers». Mais une fois débarqué, «le comportement agressif du groupe» se serait alors poursuivi dans le terminal. «Certains individus ont adopté une attitude violente envers les autorités, ce qui a conduit à l’arrestation de l’un des responsables du groupe». Cette version est vivement contestée par une partie de l’association Club Kineret, organisatrice de la colonie de vacances. Une monitrice avait même été menottée. Kineret a déposé plainte jeudi contre le transporteur «pour violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion».
Passer la publicitéUn pilote qui a formé les terroristes du 11-Septembre
«Mon fils était dans l’avion. Un enfant a chanté une chanson en hébreu, et le personnel a menacé d’appeler la police», raconte Karine Lamy, la mère d’un des enfants, auprès d’I24News . «On a vraiment l’impression de revenir dans les années 40. Ce sont des enfants juifs qui sont en communauté juive. Ils ont chanté une chanson, ils n’ont rien fait de criminel», a-t-elle ajouté. La colonie de vacances a annoncé jeudi déposer plainte pour discrimination. L’affaire prend également une tournure diplomatique. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères français, a téléphoné à la PDG de la compagnie Vueling, Carolina Martinoli. «Il a été demandé des éléments d’explication, notamment pour déterminer si ces compatriotes avaient fait l’objet de discriminations liées à leur confession», affirme le Quai d’Orsay.
Dans un communiqué publié vendredi, Vueling réaffirme sa version et dit «que le débarquement de ces passagers a eu lieu exclusivement pour des raisons de sécurité». Elle est revenue sur une polémique autour du pilote Ivan Chirivella. Ce dernier originaire des îles Canaries a formé, à son insu, deux terroristes impliqués dans les attentats des tours jumelles du World Trade Center à Manhattan en septembre 2001 : Mohamed Atta, chef de la cellule terroriste du 11 septembre, et Marwan al-Shehhi. Un épisode qu’il a raconté dans une livre, Complice et innocent : journal du pilote espagnol qui a appris aux terroristes du 11 Septembre à voler. Une photo publiée et relayée sur les réseaux sociaux montre un drapeau palestinien dans le cockpit, accréditant selon les détracteurs de Vueling le caractère ciblé de l’expulsion des adolescents. La compagnie aérienne a démenti que cette cabine soit celle du vol en question.
«Le pilote, estimant que le groupe mettait en péril la sécurité du vol, a demandé qu’ils soient débarqués. Une des monitrices a résisté et n’a pas obéi aux injonctions des agents de la Guardia civil, elle a dû être expulsée par la force, mais elle n’a jamais été arrêtée», assure les forces de l’ordre espagnoles dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, soutenant ainsi la version de Vueling qui «nie fermement toute affirmation liant la décision de notre équipage à l’expression religieuse des passagers concernés, que nous respectons pleinement».
Dimanche, une cinquantaine de personnes a manifesté à l’aéroport d’Orly pour dénoncer un caractère antisémite à l’expulsion des adolescents de l’avion.