Répressions des manifestations du 18 septembre : Bruno Retailleau, pyromane contrarié
Il n’est pas peu fier, Bruno Retailleau, devant le « Capitaine Delpal », l’un des véhicules d’intervention polyvalents de la gendarmerie, plus connu sous le nom de « Centaure ». Ce jeudi matin, le ministre de l’Intérieur démissionnaire a tenu un point presse pour préciser le « dispositif de sécurisation de la journée du 18 septembre ».
Ou plutôt pour justifier les moyens énormes engagés pour la journée : 80 000 policiers et gendarmes mobilisés partout en France, dont 6 000 rien qu’à Paris, des drones, 26 engins blindés et 10 engins lanceurs d’eau. Un déploiement répressif massif, justifié selon lui pour faire face à des « groupuscules qui seront nombreux, d’ultragauche, de casseurs, de délinquants d’opportunité » qui se compteraient en milliers, « 8 000 ou plus d’individus qui peuvent être dangereux ».
Et Bruno Retailleau de prévenir : « On sera intraitables, implacables. » Deux jours plus tôt, il avait communiqué cette même consigne de fermeté aux préfets de France dans un télégramme que l’Humanité a pu consulter, dans lequel il les enjoint de « détecter, intercepter et fouiller les individus pouvant être suspectés de comportements violents », et de ne rien laisser passer en matière de blocages, même pacifistes.
« Toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la nation devra être entravée en amont et, le cas échéant, faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs. Ces instructions sont également applicables s’agissant d’éventuelles tentatives de blocage d’établissements d’enseignement universitaires ou secondaires. »
« Le ministre de l’Intérieur met de l’huile sur le feu »
Un dispositif remis en cause quelques heures plus tard par Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. Au micro de France Info, la syndicaliste a dénoncé les premiers effets des consignes du ministre de l’Intérieur : « Depuis ce matin, il y a des manifestantes et des manifestants qui sont gazés, violentés alors qu’ils sont pacifiques. » Elle a également partagé ses craintes quant aux conséquences que pourrait avoir un tel dispositif policier.
Selon elle, « le 10 septembre, il n’y a pas eu particulièrement de violence, et aujourd’hui il n’y aura pas de violence à part les violences organisées à cause de la stratégie du maintien de l’ordre qui est déployée par le ministre démissionnaire. (…) Le ministre de l’Intérieur met de l’huile sur le feu. »
L’écologiste Marine Tondelier s’est elle aussi inquiétée des ordres délivrés par Bruno Retailleau. « Cet après-midi, on nous parle des casseurs dans la rue, il y aura surtout et avant tout des manifestants. Le rôle des forces de l’ordre est de permettre que ces manifestations se passent calmement. C’est la responsabilité du ministre de l’Intérieur et non de mettre le feu », a-t-elle prévenu.
En fin d’après-midi, ce jeudi 18 septembre, il y avait eu 140 interpellations dont 21 à Paris, 8 blessés légers parmi les forces de sécurité et quelques incidents localisés. Bien loin des prédictions apocalyptiques de Bruno Retailleau.
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