Flegmatique, mordant, suranné : le style «Michel Barnier» ou la revanche du vieux monde
Michel Barnier n’a pas attendu plus tard que la passation de pouvoir avec son prédécesseur pour décocher sa première flèche. Le 5 septembre, après avoir écouté avec un agacement et un rictus républicainement contenus Gabriel Attal lui seriner pendant quinze minutes «l’immense responsabilité» de sa nouvelle tâche, le Savoyard interroge, narquois : «Je peux dire quelques mots, là ?» Rires dans le public. Le trentenaire arbore un sourire gêné. Le LR, lui, savoure. «J’ai bien aimé la manière dont vous m’avez donné non pas des leçons..., raille-t-il en rappelant à son interlocuteur la fugacité de son passage à l’hôtel de Matignon. Enfin, les enseignements, même si ça n’a duré que huit mois. Ça va m’être très très utile.» La caresse et la gifle.
En moins de deux mois, le nouveau premier ministre a imposé son style : apaisé, dépouillé, mordant, délicatement suranné, coudoyant le soporifique. Une identité que l’ancien commissaire européen aujourd’hui âgé de 73 ans cultive depuis 1978 et son entrée à l’Assemblée nationale comme benjamin. Un ton que les parlementaires de 2024 jugent lénifiant, désuet... Voire «chiant comme la pluie (...) d’un ennui mortel», pour le LFI Antoine Léaument.