Guerre en Ukraine : Donald Trump discute sans ses alliés avec Vladimir Poutine pour négocier la paix en Ukraine

Une conversation de plus d'une heure entre Donald Trump et Vladimir Poutine dans la soirée du mercredi 12 février a marqué un tournant dans le conflit en Ukraine. Un appel téléphonique qui officialise le lancement des négociations directes entre Washington et Moscou, sans l'Ukraine ni ses alliés européens. 

Le message est clair et symboliquement dévastateur pour Kiev et ses alliés : Donald Trump veut la paix, et il souhaite la négocier directement avec Moscou, en conformité avec les désirs de Vladimir Poutine. Ce dernier doit apprécier de voir les États-Unis s’aligner presque parfaitement sur ses exigences récentes, qui incluaient une négociation en tête-à-tête avec lui et la marginalisation du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce coup de téléphone vient isoler l’Ukraine, et place les Européens dans une position délicate, sans consultation préalable avec eux.

Donald Trump ne s'est pas gêné de prévenir ses alliés européens avant de prendre cette décision. Il semble ainsi briser l'unité construite depuis trois ans avec l'OTAN et les pays européens dans leur soutien à l'Ukraine, depuis l'invasion russe. Cette démarche se retrouve aussi dans les déclarations de Pete Hegseth, le nouveau secrétaire à la Défense des États-Unis, qui a clairement indiqué les nouvelles lignes rouges américaines lors d'une réunion au siège de l'OTAN à Bruxelles : "Nous devons commencer par admettre qu’un retour aux frontières d’avant 2014 est irréaliste. Les États-Unis ne croient pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit réaliste pour un règlement négocié. Seules des troupes européennes pourront apporter des garanties de sécurité. Et pour être clair, il n’y aura pas de troupes américaines déployées en Ukraine"

Les revendications principales de l'Ukraine sont largement écartées. Il est frappant de constater à quel point la Maison Blanche semble déjà ouvrir ces concessions à Moscou, avant même le début des négociations. Il faut également noter l'absence de tout message de soutien direct à Kiev dans les déclarations américaines récentes. 

Si une paix négociée sans la participation de l'Ukraine semble vouée à l’échec, Donald Trump semble poser un ultimatum à Kiev : faire la paix, peu importe le prix, ou risquer la fin du soutien américain. Or, sans l’aide de Washington, l’Ukraine n’a pas la capacité militaire de résister à la Russie, qui occupe aujourd’hui près de 20% du territoire ukrainien.

Le Kremlin joue la montre 

Une situation dont le Kremlin pourrait tirer profit puisqu'il a abandonné l'idée d'occuper toute l'Ukraine, mais continue de viser l'empêchement d'un régime démocratique et pro-européen à Kiev. Vladimir Poutine a donc tout intérêt à jouer la montre et à maintenir le statu quo, alors que la Maison Blanche semble pressée d'aboutir à un accord. 

Dans ce contexte, l’approche de Donald Trump marque un tournant majeur. La notion d’agresseur et d’agressé semble désormais floue, puisque Vladimir Poutine, bien que visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, semble réhabilité dans le cadre de ces négociations. De plus, les alliés historiques des États-Unis se retrouvent mis de côté, dans ce jeu de pouvoir qui se joue désormais entre Washington et Moscou.