Ils profitaient de la frontière pour échapper à la police : cette commune installe des caméras avec IA, capables de reconnaître leur voiture

Ils profitaient de la frontière pour échapper à la police : cette commune installe des caméras avec IA, capables de reconnaître leur voiture

Ces caméras visent à lutter contre la délinquance transfrontalière. zhu difeng - stock.adobe.com

La commune d’Estaimpuis, en bordure de la frontière franco-belge, fait face à une délinquance facilitée par les limites des poursuites policières transfrontalières. Pour y remédier, elle va installer trois caméras boostées à l’IA.

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Les délinquants «savent très bien» que la frontière joue en leur faveur, constatait début septembre, Frédéric Di Lorenzo, le bourgmestre d’Estaimpuis. Cette commune belge frontalière de 23 kilomètres avec la France, est confrontée aux agissements suivants : des individus commettent des vols, des cambriolages ou des agressions sur le territoire belge, puis repassent rapidement en France, hors de portée des policiers belges.

Car en cas de course-poursuite côté belge, ou inversement, les patrouilles doivent laisser filer les suspects dès qu’ils franchissent la ligne frontalière. C’est l’article 41 des accords de Shengen (accord international de libre circulation entre les pays signataires, NDLR), qui en dispose. En théorie, celui-ci autorise la poursuite transfrontalière. En pratique, les conditions sont si restrictives qu’elles s’avèrent inutilisables la majorité des cas.

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Les policiers doivent s’arrêter à la frontière

L’interpellation ne peut être effectuée qu’en cas de flagrant délit grave : assassinat, meurtre, viol, trafic de stupéfiants, vol et recel aggravés, enlèvement. Et encore faut-il informer immédiatement le centre de police de l’autre pays, au moment même du franchissement de la frontière. Pour un vol de voiture ou un refus d’obtempérer, par exemple, les policiers belges n’ont d’autre choix que de freiner au panneau « France ».

Face à ce constat, la commune d’Estaimpuis a décidé d’agir, suivant une des promesses de campagne de son bourgmestre : la sécurité. D’ici à mi-décembre, trois caméras ANPR (de lecture automatique des plaques) vont être installées sur les principaux axes entre la France et la Belgique. Cette technologie permet également de reconnaître des voitures par modèle ou couleur et même d’identifier les personnes à l’intérieur.

Comment fonctionnent ces caméras avec IA ?

Concrètement, la police peut interroger le serveur du système ANPR en envoyant une requête pour savoir si un véhicule identifié passe devant la caméra. Au moment, où le véhicule est dans cette zone, une alerte est envoyée à la police. «Elles visent à pallier les limites du cadre réglementaire en améliorant la communication et la réactivité des forces de l’ordre», explique au Figaro Frédéric Di Lorenzo.

« On pourra détecter les passages récurrents et identifier des schémas suspects, ajoute-t-il. Si nous savons qu’une voiture est problématique, nous pourrons immédiatement informer nos collègues français. Et une équipe de l’autre côté de la frontière pourra intercepter le véhicule dans le respect de la procédure administrative ».

À noter que ces caméras ANPR pourront également servir à d’autres usages, notamment le contrôle du passage des poids lourds et la facilitation de leur taxation. Concernant les trafics aux frontières - marchandises, tabac, alcool - la douane dispose de son propre système de caméras, indique le bourgmestre.