C’est le texte qui a eu raison du gouvernement de Michel Barnier. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), attendu de pied ferme par le secteur de la santé, fait son grand retour au Parlement, d’abord en séance publique au Sénat ce jeudi, puis à l’Assemblée nationale à partir du 3 février. La copie définitive risque toutefois d’être bien différente de celle examinée en décembre, car plusieurs pistes d’économies sont déjà tombées à l’eau. Quels que soient les aménagements votés par les parlementaires, le PLFSS devrait entraîner un déficit d’environ 25 milliards d’euros en 2025, selon le député Thibault Bazin (Les Républicains), nouveau rapporteur du budget de la sécurité sociale à l’Assemblée.
Le budget de Michel Barnier prévoyait initialement de maintenir le déficit social à 16 milliards d’euros, mais après avoir été amendé par les parlementaires, celui-ci se situait aux alentours de 18,3 milliards d’euros en 2025, soit un niveau équivalent à celui de 2024 (18,5 milliards d’euros). Dans ce texte rejeté le 4 décembre lors de la censure, les pensions de base des retraités ne devaient pas être indexées sur l’inflation, avec une revalorisation prévue de 0,8% au 1er janvier puis une seconde du même taux au 1er juillet pour les retraites de moins de 1500 euros brut par mois. Un coup de rabot qui aurait permis d’économiser plusieurs milliards d’euros. Faute de PLFSS, les retraites ont été automatiquement réévaluées de 2,2 % au 1er janvier 2025.
Un milliard d’euros en plus pour les hôpitaux
Pour se prémunir contre une censure de la part des socialistes, le gouvernement de François Bayrou a quant à lui lâché du lest sur l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), en annonçant qu’il serait porté à +3,3% en 2025 (au lieu des +2,8% prévus par le gouvernement Barnier), ce qui devrait notamment se traduire par un milliard d’euros en plus pour les hôpitaux, confrontés à de graves difficultés structurelles et financières. Le premier ministre a aussi renoncé au déremboursement des consultations médicales et des médicaments, qui devait rapporter 900 millions d’euros à l’Assurance-maladie en reportant ce coût sur les complémentaires santé.
Sans surprise, en 2025, le déficit de la sécurité sociale sera donc bien plus élevé que prévu, surtout que les parlementaires ne peuvent pas ajouter d’articles additionnels au texte lu au Sénat ce jeudi, avant son examen en commission à l’Assemblée nationale à partir du 27 janvier puis une discussion prévue dans l’hémicycle du 3 au 7 février. Ce PLFSS comporte cependant certaines mesures qui pourraient permettre de faire des économies à terme, notamment autour de la lutte contre les fraudes. «Il vaut mieux un PLFSS avec un déficit certes plus important que pas de PLFSS du tout», estime Thibault Bazin. Sans PLFSS, le déficit pourrait en effet atteindre les 28 milliards d’euros en 2025. Alors que le gouvernement table sur une réduction du déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, les comptes de la sécurité sociale, eux, vont donc indéniablement continuer leur chute.