Olivia Colman, Javier Bardem, Mark Ruffalo… Quelque 1 500 acteurs, réalisateurs et professionnels internationaux du cinéma ont annoncé arrêter de travailler avec des institutions cinématographiques israéliennes « impliquées dans le génocide » à Gaza, dans une lettre publiée lundi 8 septembre dans The Guardian. Un appel qui intervient alors que le premier ministre Benyamin Netanyahou a ordonné une nouvelle offensive dans la ville de Gaza dans un territoire dévasté où plus de 64 000 Palestiniens ont déjà été tués.
« En ce moment de crise où nombre de nos gouvernements autorisent le carnage à Gaza, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour répondre à cette complicité », écrivent-ils dans ce texte également signé par le réalisateur Yorgos Lanthimos ou les actrices Ayo Edebiri et Tilda Swinton. Cet engagement, à l’initiative du groupe Film Workers for Palestine, s’inspire du boycott culturel en Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, et notamment de « Filmmakers United Against Apartheid » («Les cinéastes unis contre l’apartheid »), expliquent les signataires.
Il vise, concrètement, à cesser de collaborer avec des festivals, cinémas, diffuseurs et société de production coupables de « disculper ou justifier le génocide et l’apartheid ». Et de citer par exemple le festival du film de Jérusalem ou celui de documentaires Docaviv, qui « continuent de collaborer avec le gouvernement israélien ».
« Refuser le silence, le racisme et la déshumanisation »
« La grande majorité des sociétés israéliennes de production et de distribution cinématographiques, des agents commerciaux, des cinémas et autres institutions cinématographiques n’ont jamais reconnu les droits internationaux du peuple palestinien dans leur intégralité », dénoncent-ils, précisant qu’« il existe cependant quelques entités cinématographiques israéliennes qui ne sont pas complices », sans les nommer.
« Nous répondons à l’appel des cinéastes palestiniens, qui ont exhorté l’industrie cinématographique internationale à refuser le silence, le racisme et la déshumanisation », ajoutent-ils dans ce texte, qui compte aussi Ava DuVernay, Riz Ahmed et Josh O’Connor parmi les signataires. Cet appel au boycott cible « la complicité institutionnelle, pas l’identité », ni les individus de nationalité israélienne, précise encore la tribune.
Cette initiative fait suite à plusieurs autres du monde de la culture. Fin août, le collectif de cinéastes italiens Venice4Palestine avait exhorté le festival de la ville à « adopter une position claire et sans ambiguïté » contre les actions d’Israël, leur lettre récoltant 2 000 signatures dont celles de Guillermo Del Toro ou Ken Loach. Quelques mois plus tôt à Cannes, quelque 900 personnalités avaient signé une pétition pour dénoncer le « silence » sur le « génocide » à Gaza, dont la présidente du jury Juliette Binoche, Pedro Almodovar, Joaquin Phoenix ou Susan Sarandon.
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