Attendu sur son plan Périclès, Pierre-Edouard Stérin se défile à l’Assemblée nationale
Pierre-Edouard Stérin réserve sa salive à Europe 1, au JDD ou au Figaro Magazine… qui le lui rendent bien ! Après avoir raconté sa saga édifiante d’entrepreneur « parti de rien » à Pascal Praud, après s’être lamenté que « 100 % des articles critiques contre moi » s’appuient sur « un journal communiste » – suivez son regard -, ou s’être répandu dans le monument hagiographique signé Eugénie Bastié contre « les dames patronnesses du complotisme mondain », le milliardaire catholique identitaire, à la tête du business plan Périclès visant, avec un budget de 150 millions d’euros sur dix ans, à faire gagner les droites extrêmes aux prochaines élections françaises, a manifestement perdu sa langue.
Tout comme son bras droit Arnaud Rérolle qui, lui, surenchérissait encore la semaine dernière : « Pierre-Édouard a fait trois fois la une de l’Humanité en l’espace de douze mois. Il a battu le record de Staline ! Qu’un journal se réclamant d’une idéologie responsable de 100 millions de morts au XXe siècle considère Pierre-Édouard comme un ennemi, c’est plutôt une gloire. »
Attendus ce mercredi 23 avril à l’Assemblée nationale pour des auditions devant la commission d’enquête sur l’organisation des élections en France, Pierre-Edouard Stérin et Arnaud Rérolle ont opposé, à la dernière minute, une fin de non-recevoir. Le premier serait « à l’étranger « – ce qui ne surprendra pas pour un exilé fiscal, ou » réfugié fiscal » selon l’expression inestimable du Figaro Magazine, comme il le revendique crânement depuis 2012 – ; le second, « en congés » jusqu’à la fin de la semaine. L’un comme l’autre refusent à ce stade de venir répondre sous serment à toutes les questions sur leur plan Périclès révélé par l’Humanité en juillet 2024, soulevées depuis des semaines au sein de cette commission, présidée par le macroniste Thomas Cazenave.
Faire respecter la loi s’il ne se présente pas
Aide directe au RN en vue des municipales 2026, conseils à toutes les droites extrêmes, lancement de baromètres et projet de rachat d’un institut de sondages pour façonner l’opinion publique… Début avril, interrogé par le rapporteur de la commission, le député insoumis Antoine Léaument, sur ce document qui évoque notamment un accord noué à la fin de l’été 2023 avec le RN en vue d’assurer la victoire de l’extrême droite dans au moins 300 villes aux municipales 2026, Jean-Philippe Vachia, le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) lâchait, par exemple : « Alors je ne connais ce projet (Périclès, N.D.L.R.) que par les articles que nous avons pu lire. Je ne suis pas sûr que les initiateurs, les rédacteurs de ce projet aient une connaissance parfaite de la législation des campagnes électorales et du financement des partis politiques. J’ai même l’impression qu’ils l’ont totalement oublié et qu’ils se pensaient dans un monde anglo-saxon, même pas anglais, mais américain. »
Dans un communiqué commun, rappelant leurs démarches précédentes à l’endroit de Pierre-Edouard Stérin pour « s’enquérir » sans succès « de ses disponibilités » , Thomas Cazenave et Antoine Léaument laissent entendre très explicitement qu’ils ne comptent pas en rester là. « Nous prenons acte de la réponse apportée par Arnaud Rérolle ce 22 avril en son nom et en celui de Pierre-Edouard Stérin, écrivent-ils. Nous les convoquons donc de nouveau le 6 mai prochain pour une audition à laquelle aucune absence ne sera cette fois tolérée, la commission d’enquête étant souveraine sur le choix des personnes qu’elle souhaite auditionner. »
Non sans préciser les sanctions auxquelles s’expose « la personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête « – deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende -, les deux députés promettent : » Nous nous réserverons dès lors d’utiliser tous les moyens à notre disposition pour faire respecter la loi. »
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