Mort de Jean Pormanove : la ministre Clara Chappaz va attaquer en justice la plateforme Kick «pour manquements»

Mort de Jean Pormanove : la ministre Clara Chappaz va attaquer en justice la plateforme Kick «pour manquements»

La ministre du Numérique a estimé que l’entreprise australienne «n’a pas fait ce qui était en son pouvoir», à l’issue d’une réunion avec les autorités et administrations concernées par le décès du streamer français, diffusé en direct sur la plateforme.

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Critiquée pour ne pas avoir pris l’affaire Jean Pormanove au sérieux, Clara Chappaz affiche aujourd’hui sa détermination. La ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique a annoncé ce mardi 26 août «intenter une action au tribunal judiciaire pour manquements» contre la plateforme Kick, qui a diffusé la mort du streamer français en direct. Elle considère que l’entreprise australienne «n’a pas fait ce qui était en son pouvoir». «J’en fais mon combat, on ne lâchera rien», a-t-elle assuré à l’issue d’une réunion avec les administrations et autorités concernées par la mort de Jean Pormanove. Le parquet de Paris a également annoncé ouvrir une enquête distincte sur Kick. Le streamer de 46 ans, Raphaël Graven de son vrai nom, est décédé dans la nuit du 17 au 18 août en direct, devant des milliers d’internautes.

L’Arcom, la Cnil, des services des ministères de la Justice, de l’Intérieur et de l’Économie, des Finances et de Souveraineté industrielle et numérique ainsi que des signaleurs de confiance étaient présents lors des discussions qui se sont tenues à Bercy ce mardi. L’objectif : «faire la lumière sur l’enquête qui a débuté le 13 décembre dernier», analyser «les signalements» transmis sur la plateforme Pharos et le rôle de l’Arcom. Clara Chappaz a demandé aux différents ministères une «mission d’inspection» pour identifier «les difficultés, ce qu’on peut faire pour y remédier et si on a tout l’arsenal pour garantir un espace sécurisé» en ligne. Elle a également décidé d’engager des travaux jusqu’en décembre «pour s’assurer qu’on ne puisse pas monétiser les violences et étudier toutes les pistes» de travail, aux côtés des députés.

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Clara Chappaz somme aussi le gendarme de l’audiovisuel et du numérique, l’Arcom, de «revoir tous les sites problématiques que les signaleurs de confiance» ont mis en avant afin «de rendre internet plus sûr et mettre fin aux dérives». Pour poursuivre son action, la ministre se rendra ce mardi après-midi, à 15 heures, dans les locaux de l’Office anti-cybercriminalité, qui gère la plateforme Pharos, sur laquelle sont déposés des signalements d’internautes.

Sortir du «Far West numérique»

En fin de semaine dernière, Clara Chappaz appelait déjà à sortir «du Far West numérique ». La diffusion en direct de la mort du streamer, allongé sur un matelas et recouvert d’une couette, constitue, selon la ministre, «une réalité qui a dépassé la fiction». «Il faut s’interroger sur la responsabilité des personnes qui regardent. Il y avait 200.000 personnes qui suivaient cette chaîne et qui payaient. J’ai demandé à (la plateforme Kick) combien d’argent cette chaîne générait, et je n’ai pas eu de réponse», a-t-elle souligné jeudi dernier.

Si une enquête de l’Arcom est toujours en cours, notamment à propos de Kick, Clara Chappaz a déploré qu’il ait fallu attendre un décès sur la plateforme «pour désigner un représentant légal en Europe» et le manque de professionnalisme de leurs employés, installés en Australie. Clara Chappaz évoquait ainsi vendredi 22 août des «gens en t-shirt, avachis, qui ne prennent pas la mesure du drame et qui n’ont aucune réponse aux questions». «La plateforme a trois ans et elle est déconnectée de ce qui s’y passe», avait-elle chargé, ajoutant que «si l’enquête de l’Arcom montre la responsabilité de la plateforme Kick, il y aura des sanctions».

De son côté, le président de l’Arcom, Martin Adjari, a assuré dimanche 24 août que le régulateur n’avait pas de «compétence directe» pour suspendre la chaîne de Raphaël Graven et que «la loi ne lui demande ni d’apprécier la légalité des contenus mis en ligne par des particuliers (ce qui relève du juge), si d’en solliciter le retrait». Par ailleurs, l’autopsie du corps du streamer n’a pas révélé de «lésions traumatiques» et n’était «pas en lien avec l’intervention d’un tiers», selon le procureur de la République de Nice.