Pour Christian Clavier, l’intelligence artificielle offre de riches perspectives au cinéma français

Christian Clavier, depuis le vidéoclub qui accueille l’émission de Konbini, jette un œil vers l’avenir. Selon lui, il ne faudrait pas craindre l’intelligence artificielle. Capture d'écran Konbini

Dans une interview au média Konbini, le septuagénaire soutient que l’IA permettra aux comédiens et aux films de pénétrer plus facilement les marchés étrangers. Au détriment, concède-t-il, des doubleurs professionnels.

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Difficile d’échapper à Christian Clavier. L’acteur fait l’objet d’un documentaire en salle, La Vis Comica, le premier à lui être consacré. Il est aussi à l’affiche du Million, une comédie dans laquelle il incarne un serrurier peu scrupuleux mené par le bout du nez par un jeune cadre qui l’est encore moins. Enfin, Papy fait de la résistance  (1983) s’apprête à faire son retour en salles, début octobre. Jacqueline Maillan subira les assauts du demi-frère bedonnant d’Adolf Hitler dans une version restaurée.

Interrogé par le média Konbini dans l’émission « Vidéo Club », Christian Clavier a rembobiné sa carrière comme ses goûts cinématographiques. Il a aussi jeté un œil vers l’avenir. Selon lui, il ne faudrait pas craindre l’intelligence artificielle. « Une patronne d’un grand groupe français m’a dit : “Nous, les Européens, nous allons pouvoir résoudre une partie de nos problèmes de budget par rapport au cinéma américain grâce à l’IA” », assure l’ex-luron du Splendid.

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L’inquiétude des doubleurs

« Nous allons, en plus, pouvoir nous doubler entièrement. La porte vers le marché américain nous a toujours été fermée par une de leurs idées brillantes. Elle consistait à dire : (...) nous ne pouvons pas doubler vos films chez nous, parce que notre public ne supporte pas que les lèvres ne bougent pas exactement en simultané. L’IA va peut-être permettre d’éviter les remakes aux États-Unis et les remplacer par des exploitations de nos films en salle », ajoute Christian Clavier. À rebours de ceux qui, tel Jacquouille face à la fourgonnette du facteur dans Les Visiteurs, craignent l’IA comme le diable.

Les prédictions de Clavier ne sont pas farfelues. Depuis le début de l’année, Amazon Prime Video propose des versions doublées sans nouvel enregistrement de voix humaines de films et séries. Pour des résultats encore un peu inégaux. Sur YouTube, première plateforme à s’être ouverte franchement au doublage IA, une vidéo postée en anglais peut désormais être traduite automatiquement en français, allemand, hindi, indonésien, japonais ou portugais.

Les partisans de l’IA font valoir que cette technologie permet de proposer dans plusieurs langues des films qui n’auraient pas été doublés autrement. Ses détracteurs mettent en garde contre la grave menace qu’il fait peser sur la profession. Début janvier, la société Lumiere Ventures a annoncé que la version française du film Armor sortirait sur Prime Video avec la voix du doubleur décédé Alain Dorval. Recrée par l’IA. L’affaire a suscité un tollé dans le milieu du doublage.

« Les comédiens de doublage vont avoir un problème, bien sûr. Mais toutes les avancées technologiques ont posé problème à un certain nombre de métiers », juge Christian Clavier dans l’émission, depuis un vidéoclub parisien qui menace de mettre la clef sous la porte. Le septuagénaire identifie aussi un intérêt pour les acteurs. Ceux-là, grâce à l’IA, pourront jouer leurs rôles dans toutes les langues avec leurs propres intonations. Jacquouille deviendrait polyglotte.